chambre Philippe-Charlotte/ intérieur nuit.
Il aurait préféré lui faire l’amour sans préservatif, changer de position, mais s’endort heureux. Sans arrière-pensée. Grisée par ses caresses, elle s’est donnée sans retenue et ils ont atteint le septième ciel,... croit-il. Certes, Charlotte a éprouvé du plaisir, mais quand Philippe s’est déchaîné en la pénétrant, elle n’a pas eu d’orgasme.
salon/ intérieur soir.
Comme chaque premier vendredi du mois, Philippe et Charlotte ont battu au bridge Romain et Sandrine. Gentilles mises en boîte. Puis on s’amuse au jeu des devinettes. Par des mimes très approximatifs, qui déclenchent fous rires et contestations. On boit du bon vin et la conversation s’oriente vers les premières expériences sexuelles. Perdu dans sa rêverie nostalgique : "J’avais 17 ans, elle en avait 18, en camp scout, un soir d’été, c’était délicieux.", Philippe est foudroyé par le " Délicieux pour qui ? " de Charlotte. Romain pérorant : "Paraît qu’il y a des clitoridiennes et des vaginales." se voit contré, tout aussi sèchement, par les deux femmes qui voudraient savoir ce que les hommes entendent par cette distinction. Philippe jette l’éponge. Détente. On écoute du Kurt Weil, on danse sur "Je t’aime,... Moi non plus". D’autres discussions confirmeront la difficulté de déraciner les idées reçues sur la sexualité.
En revanche, pas de tabou entre les femmes. Charlotte confie à Sandrine ses déceptions et lui pose des questions sur l’intimité féminine. Celle-ci justifie ses réponses, en s’appuyant régulièrement sur Freud. Mais son savoir théorique ne la protège pas des désillusions. Au début de sa relation, elle ménageait Romain, en simulant l’orgasme. Elle ne s’en donne plus la peine. Stéphanie Van Vyve (Charlotte) et Mathilde Rault (Sandrine) donnent à ces duos entre une amante mélancolique et une intellectuelle résignée beaucoup de vérité.
Quand Philippe et Romain, isolés dans la cave à vins, parlent sexe, ils aiment jouer les victimes : "On se fait baiser", "Le problème de l’homme, c’est la femme". Une ironie qui cache mal leur réticence à se livrer. "L’exigence de la performance sexuelle inhibe leur parole." (S. Heenen-Wolff). Drôle, décontracté, Fabrice Rodriguez campe un Philippe qui refuse de s’attarder sur ses échecs. Et Quentin Minon souligne l’immaturité de Romain. Fier d’être monté d’un cran dans l’échelle sociale, il tente de s’aligner sur des amis, qui représentent la réussite.
L’humour permet à l’auteur de masquer partiellement ses intentions didactiques. Philippe envoie promener ce vieux schnock de Freud, mais beau joueur, fait écouter "Quatre-vingt-quinze fois sur cent" de Brassens. Et Charlotte promet qu’à la prochaine réunion, le sexe sera banni des discussions.
Grand écran, génériques, indications de lieu et de temps. Christine Delmotte nous emmène au cinéma ! Régulièrement, un acteur sort de son personnage et face au public, décrit des actions mimées et accompagnées de bruitages par les autres comédiens. Quand elle cite Freud, Sandrine chausse ses lunettes et lit sur sa main. Des procédés qui, nous tenant à distance, renforcent notre lucidité. Misant sur des éclairages très travaillés et des musiques bien choisies, la mise en scène s’efforce de dynamiser ces conversations de salon. Cependant l’absence de progression dramatique, la constance des personnages et le retour de certains effets comiques font espérer une relance, qui ne vient pas. Et les commentaires, à la sortie du cinéma, enfoncent inutilement le clou.
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