JEUNESSE BLESSEE, Texte et mise en scène de Falk Richter

Théâtre | Théâtre National Wallonie-Bruxelles

Dates
Du 24 février au 14 mars 2009
Horaires
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JEUNESSE BLESSEE, Texte et mise en scène de Falk Richter

Yoann Blanc, Fabrice Adde et Anne Tismer sont bouleversants dans « Jeunesse blessée » de Falk Richter.

...le réalisme, parfois très cru, débouche régulièrement sur des scènes oniriques où la vidéo, le son et la musique prennent une énorme importance comme dans un film en trois dimensions. (...) Rien ne serait possible toutefois sans des acteurs s’investissant corps et âme dans leur rôle. Fabrice Adde est bouleversant en DJ ému par la grâce d’un seul disque, s’accrochant à ses amis comme à sa dernière planche de salut. Yoann Blanc, avec ses allures de garçon calme, ne tarde pas à exploser, révélant comme les deux autres un immense besoin d’amour. Quant à Anne Tismer, campant la jeune femme qui a choisi de se ranger, elle est peut-être au final la plus effrayante dans cette quête absolue de chaleur humaine que chacun résume par cette phrase obsédante : "Ecoutez mon cœur. Il se consume lentement". Le Soir, Jean-Marie Wynants, 09 février 2009

Coproduction : Théâtre National / Festival de Liège Traduction et adaptation : Anne Monfort – Assistante : Tatjana Pessoa – Scénographie : Alex Harb – Musique : Paul Lemp – Lumières : Philippe Sireuil - Création vidéo : Fred Vaillant Interprétation : Fabrice Adde, Yoann Blanc, Anne Tismer - L’Arche est agent et éditeur de la pièce - Photos : Véronique Vercheval

Les représentations sont à 20h30, sauf le mercredi : 19h30 et le dimanche : 15h

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Vendredi 13 mars 2009

No future

Après Unter Eis qui explorait de l’intérieur les dérives anxiogènes du monde des entreprises, Falk Richter change de perspective en abordant le point de vue de ceux qui refusent « le système ». L’angle d’attaque est différent mais le propos similaire : que l’on se construise contre ou avec lui, en quoi le monde d’aujourd’hui nous façonne-t-il, voire nous anéantit ? Question pour le moins urgente, qui résonne dans « Jeunesse blessée » comme un cri glacial entre révolte et désespoir.

Trois individus (deux hommes et une femme) se retrouvent après plusieurs années chez le plus jeune des trois, un DJ déçu par le monde dans lequel il vit et qui ne sort plus de chez lui. Ecorché vif, il ne supporte plus l’activité vaine du monde extérieur, sa frénésie mercantile, et le bavassement intempestif de tous ces gens qui « mettent en route des choses ». Il n’est plus ému que par un unique morceau, « New Grass » du groupe Talk Talk, dont il admire le chanteur, Mark Hollis. Comme un écho à ce symbole d’une jeunesse désœuvrée et désabusée, les deux visiteurs incarnent l’impossible transition vers le monde adulte. Il est un écrivain ayant perdu l’inspiration, elle est une femme cherchant à se normaliser. Ils sont tous deux incapables d’intégrer un système qui ne leur est pas adapté. Faute de repères, ces trois personnages errent, en quête d’une improbable chaleur humaine. Malgré des simulacres d’effusion de sentiments, chacun est seul, face à son propre vide intérieur. Ce premier opus est suivi de deux autres situations, deux autres nuits blanches, où la solitude et l’impossible rencontre entre des individus déboussolés sont encore plus palpables.

Le langage cru, parfois agressif, de Falk Richter est porté par des comédiens très investis, à fleur de peau. En particulier, la comédienne allemande Anne Tismer -que l’on avait déjà pu apprécier dans Negerin il y a quelques semaines au National- est impressionnante de justesse dans le rôle de cette femme perdue face à cet étranger qui partage son lit depuis des années. La mise en scène (de l’auteur lui-même) est épurée : un grand lit trône au milieu d’un immense loft quasi vide, en écho aux pulsions physiques qui ne parviennent pas à combler le vide abyssal de l’existence de ces individus égarés. Lumières, musique et vidéos se combinent judicieusement pour donner une ambiance onirique, comme en dehors de la réalité, du système.

Une pièce inspirée, qui ne laisse pas indifférent… Car on y écoute le cœur des hommes « se consumer lentement ».

Théâtre National Wallonie-Bruxelles