Ivanov Re/Mix

Théâtre | Théâtre Les Tanneurs

Dates
Du 7 au 18 décembre 2010
Horaires
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Ivanov Re/Mix

Ivanov Re/Mix créationD’après Ivanov d’Anton TchékhovArmel Roussel / [e]utopia37 > 11.12.2010 – 20H3014 > 18.12.2010 – 20H30 Ivanov, c’est monsieur tout le monde. Il porte le nom defamille russe le plus courant, c’est le Dupont ou Durand de chez nous. Il viten Russie pendant une période chancelante de passages de pouvoir et de remousantisémites. C’est un homme d’une trentaine d’années, brillant, actif,séduisant intellectuellement mais qui se morfond depuis quelques temps dans unesorte de mélancolie et d’apathie. Ivanov Re/Mix est unprojet mené par l’artiste en résidence au Théâtre Les Tanneurs, Armel Rousselqui imagine une nouvelle variante d’Ivanov de Tchékhov en mélangeant les deux versions existantes - la comédie etla tragédie -, différentes traductions, et en créant de nouveaux textes.Armel Roussel veut nous faire vivre une expérience théâtraled’après le kaléidoscope de sentiments que Tchékhov met en œuvre dans Ivanov mais en reliant ces émotions à des préoccupationsd’aujourd’hui. Ivanov Re/Mixs’annonce comme la suite naturelle de la précédente création de lacompagnie : Si Demain vous déplaît... (Théâtre Varia, 2009) en ce qu’elle poursuit une recherche sur le« comment vivre ensemble » et sur les dualités espoir/désespoir,optimisme/pessimisme, individu/collectif, engagement/désengagement,privé/public.Ivanov Re/mixs’annonce comme un spectacle fiévreux et sensible, direct et réflexif… uneexpérience à partager.

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4 Messages

  • Ivanov Re/Mix

    Le 19 décembre 2010 à 09:59 par elion

    Je pense que "Pop ?" et "Si demain vous déplait", du même metteur en scène, furent assurément parmi les grands moments théâtrals auxquels j’ai pu assister. Mais alors, je sais pas trop pourquoi, je me suis ennuyé ferme à celui-ci. Pourtant, c’est toujours la même équipe de comédiens survoltés tout en étant très justes et naturels. Mais c’est peut-être ca qui m’a gonflé : trop de naturel, de quotidien, de banal, pour un texte formid. Je suis pas à vouloir le "respect" des grands textes, au contraire, je suis pour l’actualisation des classiques... sauf quand ca déservit. Et là, les allusions à l’épouse d’Ivanov qui serait en fait musulmane, sous fond de music-disco, ca me gave un tantisoit. La mise en scène, les thématiques sont toujours dans la redite de ce qui préoccupe Armel Roussel ; l’énergie y est, soit, mais ca me paraît facile, démagogique. Le texte de base a quelque chose d’assez contemporain dans le côté dépressif mais prenant, sans qu’on soit obligé d’y foutre des stromboscopes et des écrans d’ordi...bon, mon avis n’est pas tout-à-fait impartial, car cause of ce côté énervant, je suis parti à l’entracte, et j’ai peut-être raté quelque chose de merveilleusement bouleversant pour la fameuse confrontation entre Ivanov and his wife...si quelqu’un sait me dire quoi, ca m’intéresserait ! - ;)

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  • Ivanov Re/Mix

    Le 23 décembre 2010 à 01:23 par Justin

    Magnifique travail. Magnifique spectacle. Magnifique équipe. Un travail sur le sens d’une rare intelligence. Beaucoup d’intensité. La première partie est belle, osée, complexe, mais avec des petites chutes par çi par là. La deuxième partie est bouleversante. Assurément le meilleur spectacle depuis le début de la saison.

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  • Ivanov Re/Mix

    Le 11 décembre 2011 à 10:29 par Sarleo

    Ivanov Remix est à voir (ou à revoir) de toute urgence. D’abord parce que les acteurs sont excellents, leur jeu à tous est très soigné. Ensuite parce que la mise en scène, et la façon dont ils ont pris possession du lieu est très inventive et l’adaptation du texte de Tchekov géniale. Et puis surtout, parce que c’est une expérience pleine de surprises !

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  • Ivanov Re/Mix

    Le 28 décembre 2011 à 03:06 par papacas

    Un spectacle presque complet. L’exploitation des installations du théâtre Varia au maximum. Nous avons même eu la neige. La mise en scène est très atypique et très bien reçue. Le jeu des acteurs remarquable. La deuxième partie beaucoup plus proche du monde de Tchekhov. J’aime beaucoup l’audace du metteur en scène de revoir le texte. J’ai moins aimé l’outrage des acteurs envers le public. Néanmoins un très bon et beau spectacle.

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Jeudi 6 janvier 2011, par Xavier Campion

Me résigner au monde ?

Ivanov, une des premières pièces de Tchekhov et une des moins jouées du maître de » l’ennui mélancolique. » Armel Roussel, par un mélange-pas évident au départ- de justesse, de dérision et de drôlerie dans le tragique y met un « jus » contemporain tendre et efficace : pertinent.

C’est une montée en intensité que résume le personnage d’Ivanov, d’abord évanescent, subissant son sort, sa déprime, sa culpabilité aussi, face à son incapacité à aimer, avant de littéralement exposer sa douleur, sans l’ombre d’un cabotinage : interprétation exceptionnelle de concentration expressive de Nicolas Luçon, déjà repéré pour sa finesse mais qui trouve ici son heure de gloire.

Et pourtant, si tout tourne autour de ce Nicolas (chaque acteur garde son prénom pour souligner qu’il « joue » un personnage, en lui donnant un peu de lui-même), le reste de la troupe, innombrable, assume, avec humour et passion le double jeu proposé : être un personnage de Tchekhov mais plongé dans notre marmite sociale contemporaine. Au texte de Tchekhov, Armel et ses acteurs ont ajouté des improvisations pour décrire leurs interrogations sur notre société. Et hormis quelques « gags » un peu longs, ça marche fort bien.

Transpositions réussies

Ivanov (version Tchekov) a fait un mariage d’argent avec une belle héritière juive, qui a abandonné ses valeurs familiales par amour fou. Nicolas/Ivanov (version Roussel) fait de même avec une riche héritière musulmane (remember Lady Diana et Dodi Al-Fayed, entre autres). La société russe (XIXè siècle) traversée par l’antisémitisme (les pogroms bien antérieurs à l’Holocauste) versus le XXIè, baignant dans un anti-islamisme populiste, qui gagne toute l’Europe.

Le thème de la fête qui aide à noyer le chagrin dans l’alcool est savoureusement traité,d’entrée de jeu, par Roussel lui-même, en maître de cérémonie, à la Kantor, mais dans un rôle d’humble serviteur du public et des acteurs , un plateau de verres de vodka à la main et escorté d’un petit ange, le délicieux Melchior Minne, mascotte de la troupe.

Le thème de l’argent est majeur puisque la propriété d’Ivanov, mauvais gestionnaire, menace ruine. Mais Yoann Blanc, en principe gestionnaire des terres, mais surtout clown délicieux, fait la quête auprès de spectateurs : c’est la troupe…et la culture qui sont ruinées ! Clin d’œil.

Plus sérieux : le rapport avec la famille Lebedev, est le nœud de l’histoire : petits bourgeois riches, femme dominante- mari dominé, goguenard, couple délicieux de Selma Alaoui et Vincent Minne. Illusion de la force de l’argent « petit-bourgeois » mais aussi source du dénouement tragique : leur fille, Sasha-Lucie (Debay), 20 ans, amoureuse de Nicolas, source de vie, renforce sa déprime jusqu’à l’inéluctable. Nicolas passe de la culpabilité vis-à-vis d’une femme qui se meurt et qu’il n’aime plus au désespoir existentiel qui lui fait refuser la renaissance d’un deuxième mariage avec une « jeunesse ».

Trouvailles de mise en scène

Elles passent par la « reconstruction » judicieuse de la salle des Tanneurs, avec des ouvertures (et des couvertures protectrices !) vers la froideur de l’hiver russo…belge. Ou la projection sur le mur des derniers dialogues des acteurs, vivants ou morts, qui se font une réflexion, sensible, sur leur troupe, qui n’est qu’un morceau de notre société en miettes, qui rêve d’ ESPOIR, au sein même d’un spleen d’époque.

Au total, un autoportrait revendiqué et réussi de Roussel et de sa troupe, qui nous associent doucement à leur rêverie poétique entre dépression, dérision et espoir. Avec un dernier cadeau, qui inaugure le spectacle :la découverte d’un poète polono-français, Edward Stachura, poète marginal,suicidé comme Ivanov, dont la seule œuvre traduite en français, une autobiographie, Me résigner au monde , écrite juste avant son suicide, n’est plus disponible que sur Amazon, pour 10 euros.

Une clé parmi d’autres pour cette adaptation d’Ivanov, à la première partie parfois un peu trop diluée mais splendidement rassemblée dans un final inoubliable.

Christian Jade

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