Sur une estrade en bois, une longue table de banquet est recouverte de plats de fête. Cette table est étrange. Elle semble avoir subi les années. Quelqu’un a soigneusement lié et relié toute la vaisselle afin que la table résiste au vent et à la grêle. Un comédien nous explique qu’elle fut dressée par Gina, la maman des jumeaux, pour leur douzième anniversaire. Tout le village était invité. Les plats n’ont jamais servi.
Débute alors le récit épique de la vie des jumeaux, retraçant chacun des évènements jusqu’à cette fête qui n’a jamais eu lieu.
Les ateliers de la colline proposent une nouvelle histoire présentant les valeurs chères à la troupe de Seraing. En effet, avec Tête à claques, ils parviennent une nouvelle fois à révéler sur scène les réalités de notre environnement souvent ignorées. Ils s’attachent à joindre l’image (travail plastique), l’action (dévoiler les réalités oubliées) et la scénographie (le choix du théâtre comme moyen d’expression). Avec ce dernier spectacle, ils ont pris l’optique de plonger leurs deux comédiens dans un monde de marionnettes. Celles-ci sont molletonnées et maquillées telles des marionnettes confectionnées par des enfants inventifs. Ceci permet, sans perdre l’énergie du spectacle, de passer de leur rôle principal de jumeau à d’autres protagonistes de l’histoire.
La mise en scène, dynamique et créative, repose sur un décor ingénieux, truffé de surprises. D’un revers de main, le comédien nous emmène de la vieille usine au troquet du village où s’amorcent les ragots et les complots. Toutefois, dans cette création originale se glissent quelques gadgets futiles qui nous éloignent du récit : comme intégrer un bout de décor aussitôt enlevé, sans éveiller l’intérêt.
Quant aux acteurs, ils sont remarquables. Précis, ils sont pleins d’énergie et jouent avec tout leur corps et leur coeur. Ils sont de ceux qui vous invitent dans l’univers de leur histoire avec chaleur. Le spectateur se sent dès lors rapidement proche des personnages et se surprend à rire, crier ou pleurer avec eux. En une heure, les deux comédiens nous offrent une tranche de vie comme si nous l’avions vécue avec eux, avec ces moments de joie, d’ivresse, mais aussi de désespoir, de révolte et finalement de prise de décision.
Les ateliers de la colline nous racontent avec Tête à claques une histoire dure, une histoire de vie rejetée. Suivant un fil rouge simple, ils s’immiscent en nous et nous secouent ; serait-ce une bonne claque dans la figure ?
Ainsi, malgré quelques étrangetés de mise en scène, ils parviennent à faire vibrer le spectateur, qui se retrouve confronté aux questionnements de son propre quotidien.