La police scientifique en combinaison blanche inspecte la scène du crime, en l’occurrence l’appartement d’Edouard. C’est effectivement là que les crimes ont eu lieu puisque le jeune homme a délibérément invité Reda à monter chez lui le soir de Noël. Ils marchaient seuls dans Paris et Reda, jeune homme kabyle beau à couper le souffle, lui a fait des avances. La soirée, qui se passait merveilleusement bien, a dégénéré.
Dans un premier temps, Edouard n’a pas voulu porter plainte. Il s’y est décidé bien plus tard et a alors été confronté à une autre forme de violence, celle de policiers racistes qui ne le ménagent pas : « Vous avez fait monter un inconnu chez vous en pleine nuit ? ».
Edouard a quitté sa famille avec qui il avait des liens plus que conflictuels (racontés dans son premier roman : « En finir avec Eddy Bellegueule »). Il est issu d’un milieu pauvre qui n’a jamais accepté son homosexualité. Cependant, il raconte l’histoire à sa sœur Clara qui s’empresse de relater les faits à son mari en leur donnant sa propre interprétation. Comme les plans s’entremêlent, Edouard commente le récit de Clara (pour le public). Bien vite, il regrette de l’avoir contactée, elle lui reproche ses postures d’intellectuel bourgeois.
Cette histoire de violences aborde également les examens médicaux qu’Edouard doit subir après l’agression. Dans cet univers froid et aseptisé, Edouard tente de trouver un peu d’humanité, prenant le docteur dans ses bras pour le remercier.
Edouard Louis a contribué significativement à l’adaptation théâtrale de son roman par Thomas Ostermeier. La pièce ressemble à un puzzle mais l’histoire reste fluide de bout en bout. Pendant qu’un batteur ponctue certaines séquences de quelques notes dramatiques, les scènes filmées en direct au moyen de smartphones sont restituées sur un écran géant. Laurenz Laufenberg est époustouflant dans le rôle d’Edouard et Renato Schuch n’est pas en reste dans son interprétation de Reda. En conclusion, une très belle réussite qui aborde la violence sous toutes ses formes, tant physique que morale, avec beaucoup de justesse et parfois même, avec une note d’humour.