Comment Jean-Pierre Baudson, affublé d’une robe de chambre et manifestement coincé dans une maison de repos où on l’infantilise se transforme-t-il en Popi Jones, l’homme le plus libre qui ait jamais existé ? Sans aucun doute par la force de son imagination qui prend le contrepied d’un passé plutôt banal. Il se retrouve ainsi assez vite dans la peau d’un rockeur aux tendances nihilistes. De fait, il étale son histoire d’ouvrier, mari et père de famille très moyen avec un cynisme acide.
Le plus marquant du spectacle, c’est ce groupe décalé qui l’accompagne dans sa mythologie. Greg Rémy en Chubaka des neiges connote avec humour ce tableau grisâtre. Le guitariste de Ghinzu prendrait-il d’ailleurs vraiment goût au théâtre (on l’avait entendu l’année passée dans Play Loud de Falk Richter) ? Les trois comédiennes (Olivia Carrère, Lucie Debay et Laura Sépul) poussent quant à elles la voix sans complexe et sont très crédibles dans leur côté « bêtes de scène ». Raven Ruëll garde lui son petit accent flamand qui rend clairement son jeu plus vrai que nature, celui du fils formulant ses reproches au père absent.
Evidemment, sans toute cette construction scénique aux accents clash, Heroes sonnerait un peu creux. Pas que les thématiques soient inintéressantes, au contraire. Le doute existentiel est universel, ainsi que les rapports scabreux entre père et fils. Mais ceux-ci sont tellement boostés par le son qu’ils en deviennent quasi secondaires. Le tragique s’efface heureusement derrière la musique mais en même temps perd quelque peu de sa sensibilité…
2 Messages