Heroes (Just for one day)
Popi Jones, l’homme le plus libre du monde est une star du rock, une vraie, qui se fout de tout, qui n’a rien à perdre. Mais existe-t-il vraiment ? Cet homme qui nous raconte sa vie en chantant, en s’adressant à son public, en dialoguant avec ses musiciens, qui est-il ? Dans un spectacle puissant et bouillonnant, construit comme un véritable concert rock, Vincent Hennebicq s’interroge sur les chemins et détours de la vie...Vincent Hennebicq souhaite aussi faire un travail sur les rapports entre réalité et fiction, installer une hésitation permanente entre les deux via des touches poétiques, d’étranges apparitions sur le plateau et la création d’un rapport au public qui change les codes habituels de la représentation.
Texte et mise en scène de Vincent Hennebicq
Interprétation : Jean-Pierre Baudson, Olivia Carrère, Lucie Debay, Greg Rémy, Raven Ruëll, François Sauveur, Laura Sépul.
Production : Théâtre National.
Les 6 et 7 octobre au KVS Box. Prix : 16 € - 12 € - 10 €
Réservations : 02/203.53.03 ou 02/210.12.11
Lundi 12 novembre 2012,
par
Samuël Bury
Le père Popi est un rockeur
Aller au théâtre et se retrouver devant une sorte d’opéra rock. Devant une tranche de vie éphémère, sublimée et déjantée. Celle de Popi Jones, star à la cinquantaine bien tapée, libéré d’une existence en demi-teinte « just for one day ». C’est ce que Heroes nous balance avec la puissance du son et des mots sans retenue. Une tragédie moderne qui prend sa source dans un quotidien commun et morose. Une rêverie où la tête d’un (anti)héros sort du lot.
Comment Jean-Pierre Baudson, affublé d’une robe de chambre et manifestement coincé dans une maison de repos où on l’infantilise se transforme-t-il en Popi Jones, l’homme le plus libre qui ait jamais existé ? Sans aucun doute par la force de son imagination qui prend le contrepied d’un passé plutôt banal. Il se retrouve ainsi assez vite dans la peau d’un rockeur aux tendances nihilistes. De fait, il étale son histoire d’ouvrier, mari et père de famille très moyen avec un cynisme acide.
Le plus marquant du spectacle, c’est ce groupe décalé qui l’accompagne dans sa mythologie. Greg Rémy en Chubaka des neiges connote avec humour ce tableau grisâtre. Le guitariste de Ghinzu prendrait-il d’ailleurs vraiment goût au théâtre (on l’avait entendu l’année passée dans Play Loud de Falk Richter) ? Les trois comédiennes (Olivia Carrère, Lucie Debay et Laura Sépul) poussent quant à elles la voix sans complexe et sont très crédibles dans leur côté « bêtes de scène ». Raven Ruëll garde lui son petit accent flamand qui rend clairement son jeu plus vrai que nature, celui du fils formulant ses reproches au père absent.
Evidemment, sans toute cette construction scénique aux accents clash, Heroes sonnerait un peu creux. Pas que les thématiques soient inintéressantes, au contraire. Le doute existentiel est universel, ainsi que les rapports scabreux entre père et fils. Mais ceux-ci sont tellement boostés par le son qu’ils en deviennent quasi secondaires. Le tragique s’efface heureusement derrière la musique mais en même temps perd quelque peu de sa sensibilité…
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