Mercredi 10 mars 2010, par Xavier Campion

Hélène Grimaud- Brussels Philharmonic

Une grande soirée ce 20 mars avec le plus romantique des concertos pour piano, le concerto en la mineur de Schuman sous les doigts d’Hélène Grimaud, et une véritable cathédrale sonore, la 7e symphonie de Bruckner qui a trouvé l’oreille d’un vaste public, probablement grâce à l’utilisation de l’adagio par Luciano Visconti dans son superbe senso.

« Quelque chose entre le concerto, la symphonie et la grande sonate », c’est ainsi que Schuman définissait son Concerto pour piano, le seul qu’il ait écrit. C’est un véritable poème fougueux. Le piano entraîne tout dans le sillage des vastes courbes mélodiques qu’il déploie. Les plus grands pianistes ont voulus graver leur version.
Ce concerto pour piano est une composition toute intérieure dans laquelle la mélodie coule avec une abondance spontanée. Elle compte parmi les œuvres les plus inspirées, les plus belles et les plus significatives du génie de Schuman. Loin du dramatisme de Beethoven, comme de la virtuosité, le piano « parcourt » un véritable poème musical, accordé à un orchestre jamais envahissant.

Ce concerto est en 3 mouvements.
L’allegro affetuoso introduit par une longue phase par le hautbois, et qui est ensuite développé en accords par le piano. Ce thème splendide (que vous fredonnerez avec le piano) domine tout le premier mouvement en une série de variations, diversifiant à l’extrême les tempos, et se terminant par une cadence précédent l’accélération finale.
Le deuxième mouvement, l’Intermezzo est un véritable dialogue entre le piano et l’orchestre par de brèves répliques. Les violoncelles chantent avec chaleur et poésie dans la partie centrale. Ce sont ensuite les clarinettes et bassons qui rappellent le thème initial, et préparent le 3e mouvement qui s’enchaîne.
Le dernier mouvement, Allegro vivace, est à deux thèmes. Le premier est particulièrement conquérant et éclate au piano.
Si vous souhaitez réécouter cette œuvre, un vaste choix d’interprétations s’offrent à vous : Geza Anda, Richter, Serkin, Benedetti –Michelangeli, et pourquoi pas la version mono de Dinu Lipatti avec Herbert von Karajan enregistré en 1948. Ce concerto est souvent enregistré avec le magnifique concerto pour piano et orchestre de Grieg.

Visitez le site d’Hélène Grimaud, cette française née à Aix-en Provence en 1969, acceptée au Conservatoire de Paris à 13 ans, qui a gagné le premier prix de piano en 1985. Elle a enregistré de nombreuses œuvres (Rachmaninov, Brahms, Beethoven Mozart, Bach…), et a joué avec les plus grands orchestres et les plus grands chefs. Elle se produit avec parcimonie. Ne ratez donc pas cette occasion.

Qui peut mieux qu’Hélène Grimaud nous donner envie de passer cette soirée au Bozar ? -> voir la video youtube

En deuxième partie, le Brussels Philarmonic conduit par Michel Tabachnik nous entrainera dans la 7e symphonie de Anton Bruckner par un chaleureux trémolo d’où s’échappe le merveilleux thème des violoncelles, le plus long thème qu’ait écrit Bruckner. Ce thème influencera tout le reste de la symphonie. C’est le véritable moteur de l’œuvre. Vient ensuite le célèbre Adagio. Cette page est des plus émouvantes de toute la musique brucknérienne. Le scherzo vivace est un mouvement essentiellement rythmique, d’une précipitation haletante. Le final termine ces 65 minutes en faisant éclater le thème initial du premier mouvement.
Avec cette 7e symphonie, Bruckner trouve sa voie royale, et un public qui enfin commence à découvrir l’ensemble de son œuvre. Donc une véritable initiation à cette musique profondément mélancolique. La musique de Bruckner, contrairement à Schumann n’a pas de programme littéraire ou philosophique. Son monde à lui n’était que musique.

Ecoutez quelques mesures de l’adagio sur youtube par Eugene Jochum :

Vous comprendrez que votre soirée du 20 mars au Bozar, restera gravée à tout jamais en vous.

Bonne soirée !