Certes, celui-ci n’est pas des plus réjouissants. Vous assistez, impuissant, à la déchéance d’une famille dont les membres, se complaisant dans leur vie monotone et vide de sens, ne sont que laids simulacres d’eux-mêmes qui ne se rendent pas compte de ce que leur égocentrisme aveugle engendre.
Parmi les trois adultes, une petite fille qui parle peu mais dont les rêves volent en éclats, parfois même avant d’avoir été formulés. Un petite fille qui décide de mettre fin, une bonne fois pour toutes, à ce malheur ambiant qui les écrase, cette pesanteur qui les oppresse, les alourdit, les avachit, les déshumanise en abolissant les frontières qui les encombrent, une par une… Une petite fille qui veut les libérer de leur condition, ce train-train quotidien induit par les murs sécurisants de leur habitation, en commençant par s’occuper de son poisson rouge qui ne nage plus en rond.
Anne-Cécile Vandalem n’y va pas avec le dos de la cuillère. Dans un décor hautement travaillé, grâce à des machineries bien organisées, elle fait se mouvoir des personnages pour le moins singuliers qui tournent en rond, lions enfermés dans leur propre cage. Au fur et à mesure, la situation tortueuse se détend, les événements s’enchainent, la lenteur se meurt, l’allégorie prend place et l’absurde aussi. L’homme est alors doucement englouti par ses propres aberrations pour retourner à son état primaire et ne faire qu’un avec la nature.
Fièrement philosophique et poétique, la pièce n’offre certainement pas une interprétation ou un message clairs et explicites mais bien une constellation d’indices et de métaphores qu’on décortique avec un plaisir non dissimulé et il y a fort à parier que les acteurs, au jeu pour le moins complexe et délicat, aussi !
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