Genesis

Bruxelles | Théâtre | Centre culturel Espace Magh asbl

Dates
Du 21 au 22 octobre 2022
Horaires
Tableau des horaires
Centre culturel Espace Magh asbl
Rue du Poinçon, 17 1000 Bruxelles
Contact
http://www.espacemagh.be
info@espacemagh.be
+32 2 274 05 10

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Genesis

Pour la première fois, Hakim Bouacha se met seul en scène.

H est un jeune homosexuel d’origine Kabyle né dans le Nord de la France dans une famille musulmane. Jouant et dansant, il raconte son adolescence insultée à Roubaix ; les pressions sociales et familiales, les agressions ; sa vie de jeune adulte en Belgique ; ses questionnements, sa rage, ses combats. S’emparant de témoignages recueillis au Maroc et en Tunisie, Hakim Bouacha raconte ce qui est caché – rencontres, expériences, histoires d’amour, violence –, avant de revenir sur son expérience personnelle, son départ de Roubaix, ses plans d’un soir, les rencontres amoureuses et les abus – souvent le fait d’hommes blancs et riches.

Face aux déflagrations de l’homophobie, Hakim Bouacha joue de l’autofiction documentée pour mieux conjuguer échelle individuelle et échelle collective – auscultation d’une société dépeinte comme viscéralement homophobe. Au-delà de sa biographie, conscient d’avoir été d’une certaine manière « épargné », ce que Hakim Bouacha nous dit, et avec lui les autres voix, ce sont les mécanismes de défense mis en place par les personnes persécutées en raison de leur orientation sexuelle. L’omniprésence du manque et de la tristesse infinie.

Production Théâtre de Liège

Coproduction Théâtre National Wallonie-Bruxelles

Coprésentation Théâtre National Wallonie-Bruxelles, Espace Magh

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1 Message

  • Genesis

    Le 23 octobre 2022 à 21:27 par C. ThéO

    Un seule en scène comme on aime...
    un sujet de fond ’grave’ amené avec sincérité, avec de ’lourdes’ vérités et ce qu’il faut de légèreté.
    Un ton juste dans une mise en scène épurée aux nombreux repères ’double sens’.

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Lundi 17 octobre 2022, par Didier Béclard

L’honneur avant le bonheur

Autofiction documentée, « Genesis » raconte l’histoire d’un jeune homosexuel d’origine Kabyle né dans le Nord de la France dans une famille musulmane. Avec d’autres voix venues du Maroc et de la Tunisie, Hakim Bouacha dépeint une société homophobe et les mécanismes de défense mis en place par les personnes persécutées en raison de leur orientation sexuelle.

Le texte d’un message défile sur l’écran. Il adresse une prière à son dieu, lui demandant sa protection et son aide pour annoncer son homosexualité à sa mère. Il a peur qu’elle le rejette. Il s’avance vers un micro en retrait du plateau. Il bafouille, cherche ses mots, louvoie, n’ose pas lui dire cette « terrible » réalité et, finalement, renonce.

« Bonsoir, je m appelle Hakim Bouacha. Ce soir, je vais vous raconter mon histoire, pas seulement la mienne. » Kabyle et musulman, Hakim est né à Roubaix, dans le Nord de la France. Chez lui, on parle français et on ne porte pas le voile, même si les traditions et la religion constituent les piliers du quotidien. Dernier de quatre enfants, il a connu cet amour particulier qui ne laisse pas de place à la différence. Être gaucher, par exemple, c’est haram (interdit par l’Islam), comme le fait pour un garçon d’aimer les garçons. Sur l’écran, des images d’ un prêche où un imam condamne la sodomie et s’interroge sur le supplice que mérite celui qui s’y adonne.

Le mot gay n’existe pas en arabe, on utilise juste des insultes ou des mots sales comme honte, trahison, vendu. L’homosexuel est moins qu’un homme. Hakim a grandi dans un milieu populaire, pauvre et a été confronté à un double combat : sortir de sa condition et pouvoir assumer son homosexualité là où la famille ou dieu et honneur ne font qu’un.

Par images interposées, Bouhdid témoigne depuis Tunis : « l’article 230 du code pénal tunisien, hérité de la colonisation française, prévoit une peine d’emprisonnement de trois ans pour les faits de sodomie ». Depuis Rabat, Soufian prend le relais pour expliquer que l’article 489 du code pénal marocain criminalise les relations sexuelles hors mariage, et donc les relations homosexuelles puisque le mariage gay n’existe pas au Maroc.

Dans ce contexte, Hakim doit être « plus » que tout le monde pour survivre, il doit se battre pour supporter, endurer, accepter insultes, humiliations et agressions. Un jour un de ses oncles, qui prennent le relais de l’autorité en l’absence du père, lui dit : « si je dois aller en prison parce que je t’ai tué, j’irai en prison la tête haute ». Même sa tante, plus jeune et plus moderne que sa mère, reconnaît, lorsqu’il lui fait son coming-out, que ce serait moins difficile d’apprendre qu’il a des ennuis avec la police que de le savoir homosexuel.

Pédé, gaucher, arabe, de Roubaix, Hakim est persuadé de cumuler tous les défauts du monde. A 17 ans, il vit une véritable histoire d’amour avec un homme de 7 ans son aîné. C’est l’extase et, après la rupture, il n’aura de cesse de retrouver cette félicité.

Quittant Roubaix pour Lille, qu’un monde, la langue et les codes séparent, il sort en boîte mais est confronté aux dérives du sexe, de la libido et de la drogue. Il fait l’expérience du décalage entre son côté romantique, féru de la poésie du XIXe siècle, et la main aux fesses qu’il doit subir. L’utilisation d’une application de rencontres lui révèle l’animalité maximale qui y règne. Que ce soit en mode homosexuel ou hétérosexuel, tout n’est que consommation. Le cœur angoissé, il en arrive à penser que l’amour n’est qu’illusion.

Même s’il centre son propos sur les inégalités, l’intolérance, l’exclusion, le combat, le genre, la sexualité, ici comme de l’autre côté de ma Méditerranée, Hakim Bouacha parle d’abord et avant tout d’amour, l’amour que l’on juge ou que l’on censure. Entre seul en scène et théâtre documentaire, d’une écriture d’une qualité remarquable où la légèreté côtoie le tragique, il témoigne de ce que subissent les homosexuels issus de pays musulmans et d’Europe. Il se félicite d’ailleurs que ses grands-parents aient quitté la Kabylie dans les années 50. Sans cela il n’aurait pas eu les mêmes prérogatives. Surtout pas celle de parler de cet amour malmené par l’oppression, le dogmatisme et la violence.

Didier Béclard

« Genesis » de et avec Hakim Bouacha, créé au Théâtre de Liège (encore jusqu’au 15 octobre) puis présenté les 21 et 22 octobre par le Théâtre National à l’Espace Magh à Bruxelles, 02/274.05.27, www.espacemagh.be.

Centre culturel Espace Magh asbl