Garcimore est mort
Avec « Garcimore est mort », Gaël Santisteva propose une « fiction ambiguë », une « version augmentée de la réalité », enrobée d’artifices liés au spectacle : applaudissements, rideau, costumes, jingle, chansons… Des codes connus, questionnés, utilisés à rebours, à même de créer « une performance volontairement éloignée des stratagèmes habituels du merveilleux spectaculaire ».
Intriguant mélange entre slow music-hall, tours de magie, ventriloquisme et rêverie réaliste, Garcimore est mort tord les conventions dans une ode à l’inconfort, à l’inachèvement, comme une tentative d’échapper au monde profus, capitaliste, sur-informé et exigeant dans lequel nous évoluons.
Et Garcimore, alors ? Ce magicien célèbre du PAF (Paysage audiovisuel français) des années 80 fut évincé de la télévision, dépassé par un monde qui allait trop vite. En se choisissant pour titre la disparition de ce héros populaire, le spectacle en fait une mascotte filigranée, discrète mais insistante.
Un projet de Gaël Santisteva · Création & Interprétation : Ondine Cloez, Jani Nuutinen, Gaël Santisteva + 1 invité.e surprise en alternance : Sophia Rodriguez, Micha Goldberg · Conseils artistiques : Lara Barsacq · Création sonore et musicale : Lieven Dousselaere · Création des lumières : Vic Grevendonk · Création des costumes : Sofie Durnez · Création de la scénographie : Jérôme Dupraz, Sofie Durnez, Gaël Santisteva · Régie générale : Emma Laroche · Régie lumière : Valentin Boucq · Administration & production : Myriam Chekhemani · Communication & diffusion : Quentin Legrand / Rue Branly
Production : Gilbert & Stock · Coproduction : Le Manège - scène nationale-Reims, Malraux - scène nationale Chambéry Savoie, Le Théâtre d’Arles, Théâtre de Choisy-le-Roi, Scène conventionnée d’intérêt national - Art et création pour la diversité linguistique, les SUBS, CIRCa pôle National Cirque - Auch (FR), Charleroi danse, UP - Circus & Performing Arts (BE) Résidences : Charleroi danse, UP - Circus & Performing Arts, Centre Culturel Jacques Franck, Kunstenwerkplaats, Latitude 50 - Pôle des arts du cirque et de la rue, Arts Center Buda, Wolubilis - Pôle culturel de Woluwe-Saint-Lambert, Maison de la création (BE), Le Manège - scène nationale- Reims, CIRCa pôle National Cirque - Auch, Les SUBS, Théâtre de Choisy-le-Roi, Département des Bouches-du- Rhône – Centre départemental de créations en résidence (FR). Avec le soutien de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Wallonie-Bruxelles International, Sabam for Culture et la SACD.
Distribution
Un projet de Gaël Santisteva · Création & Interprétation : Ondine Cloez, Jani Nuutinen, Gaël Santisteva + en alternance : Sophia Rodriguez, Micha Goldberg
Lundi 24 octobre 2022,
par
Catherine Sokolowski
A contre-courant
Garcimore, bien connu des spectateurs de « Samedi est à vous », émission diffusée dans les années septante, proposait de courtes séquences dans lesquelles il partageait humour et magie. Son rire particulier et son charisme sont restés dans les mémoires. Gaël Santisteva, metteur en scène et acteur, précise dans le spectacle qu’il ne s’agit pas de ressusciter l’illusionniste. L’idée est de dénoncer les travers de la société contemporaine en proposant un spectacle qui ne répond à aucun de ses critères. Oublions le beau et le soigné, ne soyons pas trop exigeant et n’essayons pas trop de comprendre. Ames subtiles s’abstenir.
Les artistes sont déjà présents sur scène lors de l’entrée des spectateurs. A l’instar des mises en scène d’un Zé Celso, gourou du théâtre brésilien, l’esthétique est loufoque, bien loin des standards du conformisme, provoquante. L’invité surprise de la soirée, quatrième performeur sur scène, se dirige vers les fauteuils dans le plus simple appareil lorsque le spectacle commence. Les comédiens, circassiens et magiciens se livrent alors à une longue danse effrénée en guise d’introduction.
Le but du metteur en scène était de faire un spectacle « illisible » et « décroissant ». Avec ces explications, on comprend mieux le sens du spectacle, qui n’a pas les qualités habituelles auxquelles on peut s’attendre. Gaël Santisteva vient du cirque, Ondine Cloez est chorégraphe et performeuse, Jani Nuutinen est un circassien finlandais. La marmite est donc bien remplie : danse, skate, magie, claquettes, cirque, humour et chant trouvent leur place dans ce spectacle un peu fourre-tout qui propose une succession de saynètes délirantes.
Au final, la représentation s’apparente plutôt à une performance, chacun semblant improviser. Si l’idée de dénoncer les caractéristiques du monde actuel est sympathique, difficile d’adhérer au mouvement à contre-courant de Gaël Santisteva, qui part dans tous les sens. Même avec ses explications en guise d’introduction (et qui sont donc nécessaires), le naturel d’exigence revient au galop. Dommage de ne pas mieux exploiter les dons de ces artistes polymorphes, d’autres que nous pourront peut-être mieux apprécier.
1 Message