La petite salle du projectionniste est parfaitement reconstituée, de même que le hall du Pathé Palace, quelques années plus tard. Bruitage raffiné. Les décors somptueux permettent au spectateur d’ajouter l’image au son. De temps en temps, des séquences sont projetées : les rêves de Louis, des archives de la guerre ou la vie imagée dans le New York des années 50. Mise en scène judicieuse de Véronique Biefnot pour ce texte de Vinciane Moeschler.
Jeanne, on la découvre dans la première partie. Elle est jeune et rêve de rouge à lèvres et de bas de soie. Elle ne semble pas vraiment affectée par la guerre. Louis va-t-il supporter ses badinages incessants ? Louis peut-il lui faire confiance ?
Louis, c’est Samuël, un écrivain juif ayant commis le crime de dénigrer le Troisième Reich dans son dernier livre. Louis devine l’atrocité des camps de concentration, il écoute Radio Londres. En tant que juif, il est directement touché par les horreurs nazies. Et il est activement recherché, « un écrivain est aussi dangereux qu’un soldat ». Mais, écrire, ce sont ses bas de soie à lui, son évasion.
Confrontation de ces deux mondes, celui de la jeunesse, de la fraîcheur et du rêve. Avec celui de la conscientisation de l’horreur, de la réclusion, de l’incompréhension.
Et puis, il y a Andreas, le beau caporal allemand (Steve Driesen). Quand il serre la main de Jeanne, en plein bombardement, c’est « un peu de beauté volée à la guerre ». Le quatrième protagoniste, c’est Monsieur Henri, le directeur du Pathé Palace (Jean-Marc Delhausse). Un œil sur tout, ce monsieur Henri ... mais deux yeux sur Jeanne.
La guerre va révéler la grandeur d’âme des uns, la noirceur des autres. Encore faudra-t-il s’en rendre compte. Les dernières minutes sont essentielles, c’est là qu’on peut comprendre pourquoi Garbo n’a plus le sourire.
Une très belle saga, très bien interprétée, pleine de sentiments, qui met en valeur la nécessité de relations humaines, exacerbée dans un contexte de guerre.
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