GREEK

Théâtre | Théâtre de la Vie

Dates
Du 23 au 26 janvier 2008
Horaires
Tableau des horaires

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+32 2 219 60 06

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GREEK

Pour l’écriture de Greek, Steven Berkoff s’inspire librement du mythe d’Œdipe et le transpose dans les ruelles sombres d’un Londres dévasté par la peste, avec, en son centre, le personnage d’Eddy dont nous suivons le parcours pas à pas. Ici, le langage est cru, violent, virulent. Nulle économie de vulgarité, ni d’obscénité. La peste n’est pas une punition des Dieux, mais puise son origine dans l’humanité elle-même.

Sous des éclairages tantôt bruts tantôt flous, entre bidet, évier, toilette et baignoire – qui sont autant de convocations directes de l’intimité et de la saleté – six personnages aux costumes grotesques et dégénérés évoluent entre engluement, dénonciation et volonté illusoire de se laver de cette peste omniprésente. La farce pourrait ne pas être loin, et pourtant nous sommes au cœur d’un drame.

Avec Tara Casey, François Demoulin, Bruce Ellison, Olivier Jost, Caroline Leboutte, Marie-Sophie Talbot
_ Mise en scène Guillaume :
Lumières Nicolas Arnould
Création sonore Marie Paulus ;
Musique originale Marie-Sophie Talbot ;
Technicien son Antoine Delagoutte ;

Adaptation du texte Guillaume Dumont, à partir de la version originale anglaise des éditions Faber and Faber, et de la traduction de Geoffrey Dyson et Antoinette Monod, éditée chez Actes Sud

Tarif normal : adultes 14€ - étudiants/ seniors/ professionnels du spectacle/ demandeurs d’emploi 8 € - groupe scolaire : 7€Tarif spécial festival : à l’occasion de ce festival, les cartes Vie.pass sont à nouveau en vente et bien sûr valables jusqu’à la fin de la saison !!!Carte Vie.Pass 5 places : 10€ la place Carte Vie.Pass 10 places : 7,5 € la place.

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Jeudi 31 janvier 2008, par Xavier Campion

Œdipe à Londres

Œdipe à Londres

Lavabo, WC, bidet, baignoire : bienvenue dans l’univers d’Eddy, réincarnation contemporaine du héros de Sophocle. L’auteur de la pièce, Steven Berkoff, nous convie dans les bas-fonds londoniens, où règnent la saleté, la misère, la désillusion… en un mot, la peste. Le metteur en scène, Guillaume Dumont, a logiquement créé une atmosphère glauque, opaque, voire pesante, dans laquelle toutefois les notes de musique énigmatiques et les petites pointes d’humour viennent distiller çà et là quelques bulles d’oxygène.

Les six comédiens s’investissent avec fougue et générosité pour littéralement incarner ("donner chair à") Eddy, ses parents adoptifs, ses parents biologiques et la figure féminine du sphinx. On leur pardonne donc aisément certaines maladresses vocales et corporelles. Mention spéciale pour la prestation de Marie-Sophie Talbot, en sphinx cynique, léger et d’une aisance déconcertante.

Le décor aurait gagné à être plus épuré. Car si les éléments de salle de bain sont certes bien utiles au travail corporel développé par les acteurs, ils appuient inutilement un propos déjà très limpide et des mots suffisamment lourds de sens. De même, le sang répandu abondamment au sol et la tête coupée du sphinx trimbalée négligemment donnent un aspect de "mauvais goût" à ce qui aurait pu rester de l’ordre du suggestif.

Le travail choral de l’équipe est sensible à plusieurs moments, notamment dans les intermèdes chantés –très réussis- et dans les scènes d’interaction chœur/héros. Autant de petits clins d’œil à la tragédie antique, qui confèrent à l’ensemble une belle cohérence et soulignent la dimension mythique du texte. Au fur et à mesure de la représentation, le spectacle acquiert une puissance tragique qui trouve son apogée à la fin, lorsque les trois parents "rejouent", sous les yeux d’Eddy, la deuxième naissance de celui-ci, c’est-à-dire son repêchage des eaux de la Tamise par un couple modeste sans enfants et son adoption de facto. Les jeux de lumière créent alors comme une échographie géante qui évoque la deuxième vie intra-utérine d’Eddy, telle un rite de passage vers l’accomplissement de son destin, inéluctable.

Contrairement à son illustre prédécesseur, Berkoff opte pour une fin ouverte : pas d’yeux crevés, pas de femme pendue, pas de séparation du couple incestueux… mais pas non plus purgée, la peste ! La souillure demeure, le fléau persiste, les questions restent sans réponses. To be continued… Le répertoire tragique grec est un matériau que l’on n’a décidément pas fini d’exploiter.

Théâtre de la Vie