GAME OVER / Texte et mise en scène de Jeanne Dandoy

Théâtre | Théâtre National Wallonie-Bruxelles

Dates
Du 25 au 29 novembre 2008
Horaires
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GAME OVER / Texte et mise en scène de Jeanne Dandoy

« … Game over frôle la réalité, il l’aborde par un versant peu exploré offrant un regard décalé qui, peu à peu, révèle la vérité. Un canapé, un grand écran, un sapin plantent le décor où les scènes courtes se succèdent à un rythme fou, comme un “zapping théâtral”… Le texte est servi par d’excellents comédiens qui se le sont approprié de manière remarquable… Game over invite à la réflexion. Jeanne Dandoy a touché une douloureuse vérité. »Camille Perotti, La Libre Belgique, 21 février 2008

Texte et mise en scène : Jeanne Dandoy - Assistants à la mise en scène : Aurélie Molle et Jean-François Ravagnan - Création vidéo, mixage vidéo en direct : Jean-François Ravagnan - Scénographie : Johan Daenen - Costumes : Catherine Picqueray - Univers sonore et arrangements musicaux : Guillaume Istace - Création lumières : Benoit Gillet - Maquillages : Zaza da Fonseca - Répétition chants : Alberto Di Lena - Régie générale : Yvan Harcq - Interprétation : Emilie Jonet, Vincent Hennebicq, Sophia Leboutte, Baptiste Sornin (distribution en cours) - Comédiens vidéo : Jeanne Dandoy, Diego Murgia, Lucie Goderniaux - Coproduction : Seriallilith, Théâtre National de la Communauté française, le manège.mons / cecn - Support technologique : technocité asbl - Projet co-financé par le FEDER dans le cadre d’interreg 3. Avec le soutien de Théâtre & Publics et du Groupov. Avec l’aide du Ministère de la Communauté française de Belgique. Rencontres après spectacles à l’issue de toutes les représentations. Durée du spectacle : 1h40

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Mardi 26 février 2008

Heureusement, le jeu a une fin !


Avec "Game Over", Jeanne Dandoy présente une création dont elle est à la fois l’auteur et la metteur en scène. Si la presse papier et radiophonique semble avoir accueilli positivement ce texte qui "pose question", nous nous permettrons de nous interroger sur la valeur de ce questionnement. En effet, le désordre formel et narratif dans lequel la pièce évolue finit par annuler toute possibilité de propos ; pire, il va jusqu’à créer des amalgames complaisants et éthiquement contestables.

Flanqué dans un canapé, une famille s’apprête à fêter Noël devant la télé. L’écran volumineux concentre toutes les lignes de fuite du plateau et devient, ce faisant, le personnage principal de la pièce. On s’attend donc malgré nous que de cette source en interaction intime avec l’action sur scène, il émerge du sens. Attente déçue.

Sur l’écran, les images qui défilent frénétiquement sous nos yeux sont issues de sources multiples : spots publicitaires, extraits de reality-shows, images de presse, montages vidéo conçus à dessein, reproduction de slogans, confessions filmées... L’idée, sans doute, est de figurer la pratique du zapping télévisuel et de rappeler la dispersion mentale et l"indifférence émotive qu’il peut engendrer. Un poncif.

Sur la scène, trois comédiens aux traits déjà trop mûrs, aux corps déjà trop raides, s’enlisent avec une conviction forcée dans l’incarnation de trois adolescents aux tenues, au langage et aux pratiques volontairement stéréotypées. Des adolescents malheureux, incompris et désenchantés. Des adolescents, quoi ! Certes, mais pour qu’ils le fussent vraiment, le stéréotype aurait dû être, à un moment, dépassé pour rejoindre une représentation plus nuancée, plus dense, plus complexe de cet âge entre deux âges. Ici, il finit par ne s’affirmer que dans sa dimension la plus réductrice.

Entre la scène et l’écran, les rencontres, si elle ne s’avèrent pas redondantes (ainsi des expressions "typiquement ados" prononcées par les personnages et reproduites d’emblée et systématiquement sur la toile) donnent lieu aux confusions les plus douteuses. Car les enfants finissent par tuer leurs parents, façon "Massacre à la tronçonneuse". Réalisation sanguinolente d’un impératif symbolique. Cette fin aurait été acceptable si elle n’était pas le terme - la conséquence ? - d’un défilé d’1h30 d’images chaotiques et, surtout, si elle n’était pas encadrée par le récit maladroit d’un fait divers macabre (les meurtres perpétrés par un garçon de quatorze ans sur fond de télé allumée) et la liste méthodique de l’ensemble des crimes commis par des adolescents sur les quinze dernières années. La psychose et l’adolescence sont deux réalités différentes. La société outrancière de l’image devrait-elle être ce qui les rassemble ? Si oui, peut-être nous faut-il rappeler que Pierre Rivière, dont le cas fut étudié par le philosophe Michel Foucault, a décimé toute sa famille en un temps où la télé n’existait pas...

A force de multiplier les thèmes (nihilisme, consommation, matérialisme, dépression, pouvoir de l’image, mal-être adolescent, dérive psychotique...), à force de les faire s’entrechoquer sans créer de résonances, Jeanne Dandoy chagrine par sa complaisance et son absence de propos. A cet égard, l’interprétation réussie de Mylène Farmer par les comédiens, la beauté de l’affiche et l’épure du décor sont trois gouttes dans l’océan.

Théâtre National Wallonie-Bruxelles