Jusqu’au 22 juin le spectacle affichait complet, et du 6 septembre au 12 octobre 2019 la salle du Théâtre Le Public, n’a pas désempli. Vous avez vos couvertures ? La salle des voûtes souterraines est pleine. Deux axes de gradins NS et EW se croisent, question de ne pas perdre le Nord, et au centre, un plateau circulaire mobile, - ciment ou bitume ? - attend l’action. Avec un art consommé de la mise en scène, Michel Kacenelbogen et son assistante à la mise en scène, Hélène Catsaras, exploitent dans un esprit d’école buissonnière, la partition comique des « FUGUEUSES » de Pierre Palmade et Christophe Duthuron. Cette comédie bourrée de verve a été jouée de multiples fois, par d’illustres duos, de Line Renaud et Muriel Robin (2007) à nos jours, partout en royaume ...de France et de Navarre.
Aucune fausse note. Ces fugueuses sont de vraies gueuses ! L’élégance contrastée des actrices Martine Willequet et Nicole Olivier font en tous cas la joie du spectateur. On adore le regard immensément pétillant de l’une sous ses lunettes de directrice d’école, intrépide et égoïste, et le collier de perles bon chic bon genre de la jeune bourgeoise sans la moindre faute de goût, dont pas une mèche ne dépasse de sa sage barrette. Par monts et par vaux elles gardent une pêche d’enfer, malgré les vicissitudes. Pièce culte féministe ? Le texte rythmé et enlevé, toujours aussi convainquant après tant d’interprétations, fait rire de bonheur.
Le bonheur de la libération et de la joie d’exister. Spinoza ?
Peu d’accessoires à part les vielles casseroles à abandonner, et de lourdes valises de souvenirs pour la jeune échappée et un sac-à dos ulta-léger pour celle qui a fui dans sa chemise de nuit, les Glaïeuls, home sweet home ! Les voilà en pleine nuit sur la route, inconscientes, comme deux fugueuses ado, prêtes à repartir à zéro. C’est là que les vieilles valeurs en prennent un coup et basculent tout à coup puisque c’est l’instinct de survie qui prend les commandes. Finalement, pas besoin de couvertures, la chaleur humaine est là, malgré les innombrables chamailleries des nouvelles copines.
Ce spectacle revêt une drôlerie non envahissante, a une saveur d’air frais et de cavale bien improvisée. Chaque scène est un bouquet d’affects bien dosés, ponctués par la musique joyeuse années 80 de Pascal Charpentier. La scénographie de Noémie Vanheste fait la part belle aux décors sonores : le stop sur la nationale, la forêt profonde, la ferme, l’eau du pont, en un mot, l’aventure ...
Pour mémoire : Antagonistes, Margot a tout juste 40 ans et Claude, prénom épicène, fait le double. L’une fuit la condition de femme de.., mère de …, et autres servitudes, l’autre a tâté du demi-mouroir organisé appelé « les Glaïeuls » où ses enfants l’ont fourrée. La suite, c’est le voyage… Vous voudriez quoi ?
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