Ballade entre violence sourde et rêve de ciel orange dans l’univers misérable de Franck Brady, la pièce retrace le chemin parcouru par un jeune Irlandais sur le berceau duquel les fées ont assurément oublié de se pencher. Entre mère suicidaire et père alcoolo, le jeune Franck, "p’tit cochon", construit sa folie future… Déclic du drame, une amitié bafouée, détail « qui tue »…
Mais ce qui fait le génie de la mise en scène, c’est d’avoir ôté tout misérabilisme au sujet pour le plonger dans un univers à la fois onirique et abstrait, passant sans complexe d’ambiance de music-hall en face-à-face poignant…
Un mélange de style qui apporte sans conteste un je-ne-sais-quoi à un sujet bouleversant de simplicité, d’une universalité poignante.
Ce conte des hasards et épreuves de la vie comme catalyseurs de la folie meurtrière est porté par des comédiens aussi incroyables les uns que les autres. Les corps sont agiles, les voix sont belles et pleines, les moments dansés assumés avec exactitude. Mention par ailleurs toute particulière à Audrey D’Hulstère, tour à tour austère ou drôlatique, mère pincée de l’ami adoré ou comère de village.
La scénographie simplissime, telle un montage en boîtes de carton, évoque par de simples changements d’axe, soit l’exiguïte d’une cellule en hôpital psychiatrique, soit le portail imposant d’une maison, soit l’intérieur minuscule de la maison des Brady.
L’alternance des tableaux du texte, entre chants, danses et récit, est assurée tout en fluidité et c’est avec une attention émue que l’on suit ce récit animé.
Mention plus que très bien donc pour cette complicité belgo-québecquoise qui donne envie de goûter encore aux charmes des mixités théâtrales…
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