On connait Sagan à travers les vidéos qui en ont été faites. Caroline Loeb lui restitue une fragilité qui n’est pas toujours apparente dans les interviews qu’elle a accordées. On redécouvre dans ce spectacle une personnalité à la fois solide, sûre de ses choix de vie et aussi empreinte d’une timidité invaincue et d’une appréhension du regard des autres, comme une gamine surprise en flagrant délit de bêtiser. Avec une complaisance assumée, elle s’auto-définit comme un être aimant la vie, les distractions, la paresse. Et c’est cet amour de l’instant présent délicieusement savouré que l’on retient comme le secret de ce que l’on qualifie de« bonheur ».
Pas d’autoanalyse pour Françoise mais une sincérité, une acceptation de soi comme un défi.
Le goût de l’alcool, du jeu, le dédain pour l’argent sauf à le « jeter par la fenêtre à condition que quelqu’un le ramasse en dessous », on est sans défenses devant une telle insouciance !
Caroline Loeb s’est glissée dans la peau de Sagan avec délicatesse et l’illusion est surnaturelle. Perruque poivre et sel, tête légèrement penchée de côté, voix d’éternelle jeune fille, bras repliés comme pour saisir la vie à bras-le-corps, c’est Françoise sous le masque Sagan que l’on voit. Ce n’est que lorsque Caroline se libère de sa perruque à la fin du spectacle que le charme est rompu. Car Sagan est ce qu’elle n’a jamais cherché à être : un personnage de roman !
Enfance et adolescence non conformiste, vedettariat précoce, vitesse et brisures physiques, elle n’a renié aucune de ses passions, portée par celle qui détrône toutes les autres, la passion de la littérature. L’amour des mots, de tous les mots, même les plus utilitaires et l’art de les manier, voilà le secret Sagan. Un portrait sincère, sublime, envoûtant d’une femme qui se disait ordinaire mais qui reste un mythe pour beaucoup.
Merci au TTO !