Une ado dirige un couple. Face au public, ils font mine d’interpréter la 4ème entrée de l’opéra de Rameau « Les Indes galantes ». Et cet air de la « Danse du grand calumet de la paix », que peut-il bien inaugurer ?
Le couple tente de faire entrer un brancard par une ouverture trop étroite du décor : manœuvres maladroites, reproches et tentatives d’autodiscipline.
De surprise en surprise, le brancard se transforme en un lit matrimonial, le couple en satyres minables et en guise de source naturelle : une fontaine à eau à moitié pourrie. Les chamailleries reprennent pour la distribution des rôles. L’homme s’obstine à vouloir revêtir le caleçon aux attributs féminins. Il finira à contrecœur par s’affubler d’un énorme sexe en érection.
Rien de paisible ici. De la bombe à la Martine Wijckaert. Ce couple de velus a engendré une enfant glabre qui se terre dans une tente ballon zippée et n’a pas grand-chose à dire à ses géniteurs décadents.
Le couple = un havre de paix ?
La famille = lieu de confinement obligé où couvent les instincts les plus primitifs ?
Seuls font bon ménage dans ce bosquet aux allures de gruyère, le désir d’homicide, d’inceste, un vernis de condescendance sur un langage vert.
Nous laisserons aux spectateurs la découverte du coup de théâtre final et du retour à l’état le plus sauvage.
Chapeau aux comédiens, Alexandre Trocki, Véronique Dumont et Héloïse Jadoul qui plongent à fond dans l’interlope et le cambouis. Car « Forets paisibles » a été écrit pour eux, pour ces acteurs géniaux, transformables à souhait.
Vaudeville, allégorie, satire, le spectacle de la débâcle humaine vous fera franchement rire ou sourire jaune. On aime ou pas mais cela ne laisse pas indifférent.
Palmina DI MEO