Fiction

Saint-Josse-Ten-Noode | Théâtre | Théâtre de la Vie

Dates
Du 12 au 23 janvier 2021
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre de la Vie
Rue Traversière, 45 1210 Saint-Josse-Ten-Noode
Contact
http://www.theatredelavie.be
reservations@theatredelavie.be
+32 2 219 60 06

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Fiction

Un événement de vie peut-il effondrer toute la structure familiale, sociale, amoureuse et les croyances d’un être humain ? Comment le non-dit, le mensonge, les secrets de famille et la trahison marquent-ils notre existence ?

Fiction prend sa source dans la question de la reconnaissance et de la paternité, questions que raniment la souffrance d’un secret de famille enlisé dans le silence et le mensonge. L’absurdité de cette situation individuelle et le surréalisme administratif qui l’entoure deviennent la représentation d’une nouvelle réalité qui peut creuser de nouveaux sillons et révéler grâce à la parole ce qui a toujours été tu. Entre illusion et réel, fiction et réalité, absurde et réalisme, Stéphane Pirard prend sa revanche de la vie par les mots. Des mots qui sont essentiels, et qui redéfinissent l’espace entre l’acteur et le public. Grace au pouvoir du théâtre de tordre le réel, ce récit de soi touche de près celui qui l’écoute. Il devient une fiction invitant le spectateur à réfléchir. Il ouvre au monde cette histoire qui est singulière d’une part mais qui, d’autre part, touche un point d’universalité de l’être humain.

Conception et écriture : Stéphane Pirard / Mise en scène : Muriel Legrand / Avec : Annick Johnson, Cédric Cerbara, Julien Lemonnier et Stéphane Pirard / Dramaturgie : Peggy Thomas / Scénographie : Julie Michaud / Costumes : Elise Abraham / Création Lumières : Bertrand Monette / Création musicale : Julien Lemonnier / Création vidéo : Jerôme Guiot / Régie générale : En cours

Une création de L’ANCRE - Théâtre Royal en coproduction avec la Compagnie A440, le Théâtre de la Vie, La Coop asbl. Avec le soutien du Théâtre Poème, Shelterprod, Taxshelter.be, ING et Tax-Shelter du gouvernement fédéral belge.

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Mercredi 8 décembre 2021, par Jean Campion

Une Identité, c’est une histoire

Pour créer "Fiction", Stéphane Pirard s’est inspiré de sa propre histoire. A 10 ans, il a appris la vérité sur son géniteur. Ce n’est pas celui qu’il appelle papa et qui vit ailleurs, mais l’homme avec qui il grandit au quotidien. Après son divorce, celui-ci a reformé un couple avec sa mère.
A la naissance de son premier enfant, Stéphane, comédien, a voulu questionner la paternité par le prisme du théâtre. Prendre appui sur son histoire singulière pour dénoncer les ravages des non-dits et des mensonges. Ils peuvent ébranler une structure familiale et marquer profondément un individu. Sujet universel, que l’auteur et la metteure en scène Muriel Legrand ont voulu développer avec une certaine légèreté.

Venu demander un changement de nom, Stéphane a droit à la liste impressionnante des documents exigés par cette démarche. Cependant cet acteur sympathique intrigue la représentante du ministère de la justice. Pourquoi tient-il à ajouter Julien, nom de son père biologique , à Michel, nom de son père officiel ? Sa perplexité lui inspire une batterie de questions pertinentes. Les réponses ambiguës de Stéphane rendent sa demande suspecte. Pour sortir du labyrinthe, il doit écrire une lettre de motivation. La fonctionnaire lui accorde une heure pour la rédiger.

Au lieu de s’y mettre, le comédien nous amuse, en jonglant malicieusement avec des prénoms. Michou, Dany, Juju et Bichette, emportés par la révolution sexuelle de mai 68, ont pratiqué allègrement l’échangisme. Zouzou est conçu hors mariage. Pour garder le secret, Michou, Juju et Dany décident que Michou donne son nom à Zouzou...
Sans arguments, la lettre de motivation réclamée a l’air d’une blague. Mais la représentante de la loi tient à analyser ce "cas". Pour voir plus clair dans "cette histoire un peu louche", elle l’incite à se replonger dans ses souvenirs. Impossible. Voulant absolument l’aider, elle le convainc de participer à une séance de revival. Grâce à ses suggestions, il revit dans le ventre de sa mère, en sort et voit défiler des moments précis de son enfance. Il retrouve avec joie des personnes, des paysages, des maisons, des odeurs...

Cette expérience rapproche Stéphane de Suzanne, l’enquêtrice. Elle aussi a besoin de s’exprimer. Elle lui dévoile les tensions qui déchirent sa famille et le drame vécu par sa grand-mère. Annick Johnson réussit à passer en souplesse, de la fonctionnaire à la mère pugnace, consciente de l’importance de la reconnaissance paternelle et du rôle de l’identité : "C’est une histoire. Elle nourrit, te fait vibrer, parler, penser, hurler, jouir, chialer, chanter. Le reste ne vit pas, le reste est figé."

Stéphane Pirard a évité le piège d’un récit narcissique tournant au règlement de comptes. L’homme en manque de repères, qu’il incarne, nous rend témoins de sa confusion, avec des sourires amusés et des cris de rage. En réchauffant le vécu de son enfance, grâce aux mots et à différentes disciplines artistiques, il prend sa revanche sur la vie. Tout au long de la représentation, le guitariste Julien Lemonnier colle à l’atmosphère des différentes séquences, par des interventions judicieuses. Le décor, choisi par Muriel Legrand, est épuré et fonctionnel. Durant la "renaissance" de Stéphane, Suzanne fait écho à ses états d’âme, par des dessins peints sur des panneaux. Ceux-ci deviennent un écran, où l’on peut admirer les paysages de Botrange, chantés par l’auteur. On y projette aussi les films de discussions entre les pères, imaginées par le fils dépité. Cette diversification a le grand mérite d’aérer le spectacle, tout en maintenant le projecteur sur l’essentiel.

Jean Campion

Théâtre de la Vie