Fall into the show

Théâtre | Théâtre de la Vie

Dates
Du 16 au 26 octobre 2012
Horaires
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Fall into the show

L’histoire qui se raconte ici est celle d’une femme qui, parce qu’elle a peur de tomber, décide justement de choir de toutes les manières possibles. Elle suppose qu’en faisant l’inventaire de toutes les chutes imaginables, elle trouvera comment s’affranchir ou pour le moins se distraire de l’écroulement des illusions sentimentales ou idéologiques. L’expression « tomber dans l’autre » évoque la dépossession au contact d’autrui, le ravissement, et la perte de soi. C’est l’un des risques, avec celui, encore plus grand, d’être « laissé tomber », de s’être donné et de ne plus se retrouver. Quand est ce que l’obstination, nécessaire à l’amour qui dure, conduit à l’altération de soi ? Accepter de pouvoir perdre, est-ce gagner sa liberté ? Une invitation à partager les questionnements de la comédienne qui flirte sans complexe avec les différents « codes » de théâtre. Avec talent, humour, intelligence, tendresse, folie, générosité. Différentes facettes de l’actrice, de la femme derrière l’actrice se déclinent ...

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Lundi 7 mai 2012, par Charles-Henry Boland

Tomber en grâce

Déroutant mais brillant, ainsi peut-on résumer ce Fall into the show. Partant sur les bases formelles d’un one-woman-show traditionnel, la comédienne Gwen Berrou casse la frontière des genres pour offrir un produit parfaitement homogène. Oscillant entre improvisation, jeu classique et performance, ce délicieux spectacle divertit par son humour, étonne par sa créativité et emporte définitivement dans l’intimité d’une femme en proie à la chute permanente. Une variation sur la décadence humaine que l’on recommande chaleureusement.

Le spectacle ne démarre pourtant pas sur les chapeaux de roues. Dans les premiers moments, la comédienne prend le temps pour installer un rapport direct avec le public. C’est ce dernier qui, par un système de floches, décidera de la thématique que la jeune femme devra aborder. On pouvait dès lors craindre que le spectacle demeure une succession de sketchs, ce qui n’aurait pas nécessairement été déplaisant. Au contraire, la pièce tire sa force d’une unité qui transcende sa multiplicité. Chaque proposition recèle d’inventivité, chaque tableau apporte sa singularité. Malgré ce découpage en séquences, une véritable narration se construit au fil de la représentation, évoluant du stand-up vers le théâtre le plus expérimentale. L’esthétique s’assombrit graduellement, épousant ainsi notre plongée vers les soubassements de l’âme.

Composite, le spectacle l’est également dans le choix des textes : on retrouvera côte à côte un extrait de Phèdre, un passage de Belle du Seigneur ou encore un fragment de l’Eloge de l’amour du philosophe Alain Badiou. Expression de cette diversité, une foule d’objets entrent sur scène, descendus en rappel par un dispositif de cordes. Progressivement, c’est un joyeux bordel qui peuple le plateau, sorte d’univers surréaliste qui s’échafaude au gré des multiples chutes que rencontre la comédienne. Le mécanisme est simple, mais n’en demeure pas moins diablement efficace. Sans vouloir trop en dévoiler, gageons que le spectateur risque d’être surpris à maintes reprises.

Véritable éventail de technicités, la comédienne Gwen Berrou démontre toute l’étendue de son talent, mariant habilement les formes scéniques les plus éloignées. Grâce à la souplesse de son interprétation, la comédienne parvient à nous emmener dans son monde propre, sans rien devoir sacrifier à l’étrangeté qui l’habite. Pour une première création personnelle, l’oeuvre tient pleinement ses promesses. On regretterait presque que ce Show ne dure pas davantage.

Charles-Henry Boland

Théâtre de la Vie