Europeana

Bruxelles | Théâtre | Théâtre des Martyrs

Dates
Du 20 septembre au 7 octobre 2017
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre des Martyrs
Place des Martyrs, 22 1000 Bruxelles
Contact
http://www.theatre-martyrs.be
billetterie@theatre-martyrs.be
+32 2 223 32 08

Moyenne des spectateurs

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Europeana

« Lis ça, ça devrait te plaire », me dit un ami. Je suis intriguée par le début :
Les Américains qui ont débarqué en 1944 en Normandie étaient de vrais gaillards, ils mesuraient en moyenne 1m73 et si on avait pu les ranger bout à bout plante des pieds contre le crâne ils auraient mesuré 38 kilomètres. Je ne peux plus m’arrêter, je lis comme on court. J’ai l’impression d’être montée dans une auto tamponneuse, et c’est parti pour une folle course à travers le vingtième siècle !
Tout y passe : biologie, astronomie, sociologie, philosophie, linguistique... sans parler des résumés de toutes les théories qui se sont succédées, censées apporter un mieux à l’humanité, et qui se sont révélées désastreuses. Le résultat est cocasse, étourdissant, grinçant.
Abasourdie, je demande à mon ami « Qui t’a donné ce livre ? ». « Anne- Marie Loop », me répond-il. Dès cet instant, j’ai eu sa voix dans l’oreille. J’ai trouvé que ce texte lui allait bien. Comme un gant, comme une robe, comme un costume de théâtre. L’écriture, le thème, trouvaient un écho chez la femme engagée qu’elle est. J’ai partagé mon sentiment, évoqué la possibilité que nous portions à deux ce texte à la scène. Son enthousiasme m’a convaincu.
Anne-Marie Loop est devenue Europeana. L’Europe, c’est elle. C’est son regard de femme, de femme de ce siècle, qui nous emporte durant le voyage qu’elle nous invite à faire à travers un XXe à la fois désolé et passionnant. Elle nous guide et nous mène, elle se joue de nous, aussi. Ménageant ses surprises, elle nous entraîne dans une balade cynique et savoureuse.
Virginie THIRION

Distribution

JEU Anne-Marie Loop & Lari
SCÉNOGRAPHIE Sarah de Battice
COSTUME Odile Dubucq
LUMIÈRES Eric Vanden Dunghen
MUSIQUE Eric Ronsse
COIFFURE Stéphane Pardon
MAQUILLAGE Joëlle De Coster
IMAGE / VIDÉO Tawfik Matine, Eric Vanden Dunghen
TRADUCTION SURTITRAGE Patrik Ourednik, Gérald Turner
ASSISTANAT À LA MISE EN SCÈNE Tawfik Matine
MISE EN SCÈNE Virginie Thirion
COPRODUCTION Collectif Travaux Publics | Théâtre Les Tanneurs
Avec le soutien de la FWB - Administration générale de la Culture - Service général de la Création Artistique - Direction du Théâtre et de Arsenic2.

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Vendredi 22 septembre 2017, par Dominique-hélène Lemaire

Désespérant !

« L’enfer des vivants n’est pas chose à venir ; s’il y en a un, c’est celui qui est déjà là, l’enfer que nous habitons tous les jours, que nous formons d’être ensemble. Il y a deux manières de ne pas en souffrir. La première réussit aisément à la plupart : accepter l’enfer, en devenir une part au point de ne plus le voir. La seconde est risquée et elle demande une attention, un apprentissage continuels : chercher et savoir reconnaître qui et quoi, au milieu de l’enfer, n’est pas l’enfer, et le faire durer, et lui faire de la place. »
- Italo Calvino, Les villes invisibles –

Sombre farce. Le spectacle que nous avons vu décrit les cendres d’un XXe siècle honni, pour ses « progrès » fallacieux, ses litanies de -ismes de tout bord - bons et méchants, de l’impressionnisme au fascisme et au bolchevisme - son hypocrisie plus féroce encore que celle du XIXe siècle, à en croire l’auteur de ce texte qui nous est apparu comme un vrai martyre, et dont nous sommes ressortis avec un goût désagréable de cendres devant "l’amoncellement de cadavres agglutinés !"

Selon l’auteur tchèque Patrik Ourednik, le XXe siècle s’était mis en tête la quête du paradis sur terre, sabrant ici et là le sentiment religieux, proposant la consommation comme horizon unique, promettant richesse et confort pour tous, comme on le faisait de la lecture pour tous au temps jadis !

La texture du texte - si texte il y a - est un amas tourbillonnant de redites dans tous les registres, un fatras de propos de café de commerce, secoué en tous sens dans la machine à laver du Temps et de l’Histoire où la chronologie est sans cesse dépecée ! L’accumulation d’aller-retours dans le temps s’avère artificiel et fort irritant car sans objet, sans fil rouge à part cette phrase récurrente « Et les sociologues disaient… » qui heureusement -échappatoire savoureux- se transformait régulièrement en « Et les loulous chantaient…un truc qui’m colle encore au cœur et au corps... » dans notre imaginaire désespéré.
... Bribes savoureuses de « Rockollection » de Laurent Voulzy, homme heureux et lucide. Heureusement donc pour l’imaginaire, envolé loin des poncifs et des platitudes déversées sur scène. Par politesse on ne s’enfuit pas, mais ce texte a eu le don d’irriter plus d’un spectateur. Mais personne, c’est peut-être la conclusion ou la gageure, n’a vraiment envie de faire la révolution, C’est peut-être cela le problème, ou l’enjeu car personne ne semble avoir autre chose à proposer !

Venons-en à l’interprétation banale, terreuse et même pathétique, sans innovation et largement ennuyeuse de la comédienne Anne-Marie Loop dont la voix d’institutrice déclinante aurait pu avoir plus de charme ! Pourquoi transformer la comédienne en clown triste ou en majorette fatiguée ? Pourquoi utiliser un micro sans aucune raison évidente ? Cela devient un tic dans les seuls en scène ! Pourquoi défiler des vidéos expressément inesthétiques et de mauvaise qualité sauf pour souligner le propos fétide de l’auteur ? Pénible pour le spectateur !... On oubliait la chanson en Angliche ! Une ligne franchement satirique aurait peut-être mieux convenu à ce texte délavé. Tout cela finit par donner une douce nausée… Effet voulu ? La présence incongrue d’un grand chien noir et velu pendant tout le spectacle ne nous remue pas le moins du monde, bien qu’il subisse comme nous, - lui, avec une belle dose de compassion - les élucubrations ineptes en cours en mal d’humour !

Dominique-Hélène Lemaire

Europeana

Théâtre des Martyrs