La Clarencière nous ouvre ses portes et nous invite à pénétrer ce lieu plein de caractère pour partager un moment de convivialité unique. Dans la petite salle aménagée, le décor est planté. Un décor en nuances de rouge et de noir. Une platine accompagnée de son 33 tours, deux chaises hautes, un accordéon et en arrière-plan, tranchant avec le lourd rideau noir, un long fil rouge parsemé de partitions, de chansons et de ces morceaux de vie et de mots aimés de Piaf. Les deux artistes, en robe rouge et robe noire, entrent en scène. Soudain, résonnent les mots d’Edith. Nous allons pouvoir commencer...
Quelles histoires Edith aimerait-elle entendre ? Le spectacle est parsemé de toutes ces fables dont elle aurait pu dire qu’elles sont belles, des contes sur l’amour et la musique, sur les hommes et les femmes, sur l’Éternel et sur son prochain. Jessy a le timbre et l’allure parfaite pour nous narrer ces histoires et légendes. Elle se déplace sur scène, à l’affût du regard des spectateurs attentifs, afin de nous faire partager ces jolis mots, ces fables que l’on aime entendre. Le spectateur est interpellé et invité à devenir co-acteur de l’action, interagissant avec la comédienne. Un lien se crée entre les deux actrices, le public et finalement Piaf. Nous entrons dans son intimité, celle de ses amours et de sa musique. Nous (ré)apprenons à la connaître, nous revivons ses écrits et ses paroles comme les histoires d’une amie que l’on a perdue de vue.
Comment évoquer l’univers d’Edith en 1h30 ? Rester fidèle aux éléments biographiques ? Jessy et Hélène ont choisi une toute autre option, celle de "l’ordinaire", du fragment d’histoire, de l’anecdote et de l’imaginaire. Nous y entendons bien sûr parler de Michel Emer et de son Accordéoniste, des lettres de Piaf adressées à Louis Gérardin (alias Toto) son amour de quelques temps, de Paul Meurisse et évidemment de Marcel Cerdan. Les instants relatés sont choisis avec soin. Cependant, nous ne pouvons parler d’Edith Piaf sans évoquer la musique ! Hélène intervient brillamment et toujours à propos, lançant, à l’aide de son accordéon, quelques-unes des plus célèbres rengaines de la grande dame : A l’enseigne de la fille sans cœur, Mon manège à moi, Plus bleu que le bleu de tes yeux, L’hymne à l’amour. Ces moments musicaux confèrent à la représentation des allures de « café chantant » au charme irrésistible.
Au fil du spectacle se dessine un destin, des souvenirs, de jolies fables que l’on partage ensemble, qui font rire et réfléchir. C’est un spectacle dans lequel nous sommes invités à entrer, pour le plaisir des yeux, des oreilles et du cœur.
Jasmine Lesuisse