Comme décor, une grande cage en fer, rappelant l’aménagement des mines. Dans cette cage, Tadeusz, Rosa, Saïd qui témoignent de leur passé. Parfois la scène prend des allures de souterrain, parfois l’endroit est plus familier (domicile des mineurs).
Un historien rappelle les faits. La première vague d’immigration s’est déroulée entre 1919 et 1930. Deux cent mille Polonais sont venus travailler dans les mines belges et françaises.
Tadeusz, on l’appelait « le boche », ou encore « sale polak ». Arrivé à 12 ans, il en a bavé : « tout le monde voudrait que tu sois un homme, mais toi, tu restes un enfant ».
Et puis, il y a eu la seconde vague. Début des années 60, recrutement au Maroc après l’indépendance : 78 000 mineurs. Félix Mora, « le négrier », allait jusqu’à inspecter les dents des futures recrues. C’est lors de cette vague que Saïd est arrivé.
Le pays d’origine a peu d’importance : « Avec des gueules si noires, tous les yeux sont bleus. »
Rosa, la femme de Tadeusz est italienne, petite fille, fille, femme et veuve de mineur. Pour elle non plus, la vie n’a pas été un long fleuve tranquille. Elle témoigne, parle de sa peur à chaque descente des ouvriers dans les entrailles de la terre.
Rappel des conditions pénibles et dangereuses auxquelles ces travailleurs ont été soumis, la pièce ne sombre jamais dans le pathos. Les informations documentaires sont fournies par un historien passionné (Emmanuel De Candido), qui souhaite la préservation de l’histoire minière par inscription au patrimoine de l’UNESCO. Il y a donc, d’une part des informations factuelles, et d’autre part, dans la cage - qui symbolise peut-être plus qu’un décor de mine -, trois protagonistes qui racontent leur bien triste histoire avec beaucoup de dignité et même une certaine fierté. Loin du Germinal de Zola, ce spectacle vaut certainement le détour, mais dans le texte et dans la mise en scène, un petit excès de sobriété.
3 Messages