Et avec sa queue, il frappe !

Bruxelles | Théâtre | Théâtre Les Tanneurs

Dates
Du 7 au 18 mars 2017
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre Les Tanneurs
rue des Tanneurs, 75 1000 Bruxelles
Contact
http://www.lestanneurs.be
info@lestanneurs.be
+32 2 512 17 84

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Et avec sa queue, il frappe !

Nous reprenons cette saison ce spectacle sensible, où le comédien Alexandre Trocki joue le rôle d’un père qui accompagne son fils à la grille de l’école. Il comprend que pour l’enfant, la vie dans la cour de récré n’est pas facile au quotidien. Il lui raconte alors comment il a grandi et a fait l’apprentissage de la vie à travers les films qu’il a aimés.

Un spectacle de transmission, qui parle de peur, de rapport au monde et de filiation. La langue ludique et imagée de Thomas Gunzig, le talent d’AlexandreTrocki et la mise en scène attentive de David Strosberg en font un moment de théâtre drôle et touchant, éclaboussé par une scénographie surprenante.

Texte Thomas Gunzig
Mise en scène David Strosberg
Avec Alexandre Trocki
Mise en espace et costume Marie Szersnovicz
Lumières Harry Cole

Une production du Théâtre Les Tanneurs Avec le soutien de W-B T/D

Distribution

Thomas Gunzig / David Strosberg / Alexandre Trocki

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Mercredi 12 février 2014, par Thomas Dechamps

L’enfance du dragon

David Strosberg, Alexandre Trocki et Thomas Gunzig s’associent pour créer un seul en scène tendre et original. Et le résultat est épatant. La performance d’acteur de Trocki, incroyable de justesse, fait vivre jusqu’au bout le texte à l’humour acerbe de Gunzig. Quant à la mise en scène de Strosberg, très simple et inventive à la fois, elle convient parfaitement à son sujet. Après « Et avec sa queue, il frappe », vous ne verrez plus jamais les films d’action de la même manière !

Bruce Lee s’avance lentement vers son adversaire. Ce « gros porc » d’italien vient de mettre l’un de ses cousins à terre. Pour Bruce, c’en est trop. Il le fixe de son regard d’acier. Avant que l’italien ait eu le temps de dire quoi que ce soit, il lui envoie un coup de pied circulaire dans la tête. Il dit alors d’une voix ferme mais calme : « Quatrième kata. Le petit dragon approche sa proie. » Un nouveau coup de pied surprend l’italien qui cette fois-ci s’effondre, inconscient. Bruce Lee conclut : « Et avec sa queue, il frappe ! ».

Cette scène de « La fureur du dragon », un vieux film de kung-fu des années ‘70, a servi de base à Thomas Gunzig pour écrire le texte de la pièce. Fasciné par les films d’arts martiaux, les films d’horreur, les « survivals » et autres « slashers » depuis l’école primaire, Gunzig s’est appuyé sur cette matière très personnelle pour écrire une histoire d’enfance universelle. On retrouve dans « Et avec sa queue, il frappe » l’histoire éternelle du gamin mal dans ses baskets qui se fait martyriser à l’école. Sauf qu’ici, son père, qui a lui aussi vécu cette situation, entreprend de lui expliquer comment il a trouvé son salut… dans les films d’action. Devant la grille de l’école, il lui raconte sa propre enfance, à la fois fantasmée et dépeinte de façon très honnête, et les scènes des films qui l’ont aidé à grandir.

Au départ, il y a l’envie de David Strosberg (directeur des Tanneurshttp://www.lestanneurs.be/) de travailler sur un seul en scène avec Alexandre Trocki. Mais il manque un texte aux deux complices, qui décident donc d’approcher Thomas Gunzig. L’association est une réussite, le travail de chacun complétant admirablement celui des deux autres. En quelques phrases, sans grande démonstration, Gunzig parvient à poser le cadre de son histoire : un père parle à son fils.

La mise en scène nous plonge intelligemment dans ce récit d’enfance émaillé de scènes de cinéma populaire. Quelques lumières suffisent à passer de la réalité aux films d’action. Tout se passe sous un brumisateur qui distille une légère bruine sur le pauvre Alexandre Trocki. On se demande si le comédien terminera la pièce sans attraper un rhume mais l’effet est réussi : cette fausse pluie colle bien aux souvenirs d’écolier mal dans sa peau et nous rappelle en même temps qu’il y là beaucoup de fantasmes et de scènes de cinéma. Le tout est magnifié par la performance d’acteur de Trocki qui sonne aussi juste dans la tendresse que dans la comédie.

C’est aussi là que réside la seule faiblesse du texte de Gunzig. On rit beaucoup à l’évocation des scènes plus ou moins trash et des maladresses d’adolescent, au risque peut-être de s’éloigner trop vite de l’émotion de départ... Le récit en devient moins touchant.

Qu’à cela ne tienne ! On ne boude pas son plaisir devant « Et avec sa queue, il frappe ». L’on sort de la salle avec une furieuse envie de prendre un abonnement au vieux vidéo club du coin pour, nous aussi, apprendre à avoir le regard d’acier de Bruce Lee.

Avec sa queue il frappe

Théâtre Les Tanneurs