Le ton est donné d’emblée : nattes, bretelles, socquettes et jupes plissées, ce sont les potaches des temps immémoriaux qui apparaissent sur scène en rang serré, tout droit sortis d’un numéro du « Petit Spirou » ou d’un plan de la « Guerre des Boutons ». D’entrée de jeu attachant, ce « Club des Cinq » décomplexé se met vite en mouvement et, au fil des tableaux et saynètes qui se succèdent et souvent se font écho, échaffaude l’univers bien connu des pré-ados en culottes courtes qui jouent à se faire peur, qui jouent au docteur, à colin-maillard, au concours de crachats, qui jouent à se disputer pour se réconcilier, qui jouent, qui jouent et qui, malheureusement, jouent trop.
Car le texte, plein de stéréotypes maîtrisés, drôles et bien ficelés, laissait entrevoir une autre histoire : celle de l’enfant qui angoisse et qui « a (du) mal » avec ses camarades de sexe opposé, avec ses parents, avec sa famille, avec la couleur de sa peau, avec ses questions sans réponse, bref avec la société et avec lui-même. L’absence de silences et de temps mort sur le plateau, l’absence de ralentissements dans le rythme de jeu et une volonté trop appuyée de vouloir faire rire empêche les comédiens de la raconter.
De même, le jeu, malgré sa fraîcheur, atteint ses limites au fur et à mesure qu’avance le spectacle. Certes, l’adulte est drôle quand il « fait l’enfant », mais il est plus percutant quand il joue à être enfant tout en restant adulte. On aurait aimé être davantage percutés.