Erika joue actuellement dans État Critique de Michel Lengliney au Théâtre Royal des Galeries, mais on peut déjà la découvrir dans le teaser d’une série de 13 épisodes de 45 min diffusée sur lavraietelevision.com : Elle est Celia Keel dans 39 Passage des Anges
Tu travailles aujourd’hui avec Adrian Brine, un metteur en scène anglo-saxon. Que penses-tu de votre collaboration ?
C’est le seul metteur en scène anglais avec lequel j’ai travaillé, je ne sais donc pas si ses qualités sont propres à sa personne ou à ses origines mais il est très fin dans sa mise en scène, hyper attentif aux comédiens. Il ne fait pas les choses en gros, il préfère fignoler son travail… C’est très agréable de travailler avec lui !
Quel rôle tiens-tu dans État Critique ?
J’interprète le rôle de la bonne de la famille Hugo. Elle est complètement irrévérencieuse mais la femme de Victor Hugo ne peut pas s’en séparer car elle amuse beaucoup son mari qui, disons, apprécie sa compagnie !
Tu as joué deux fois sous la direction de Lara Hubinont , deux fois sous celle de Jules-Henri Marchant, deux fois avec Elvire Brison et c’est maintenant la seconde fois que tu joues avec Adrian Brine… Ça te plaît de retrouver des metteurs en scène que tu connais ?
Oui, beaucoup ! C’est tout d’abord très rassurant car on se dit que les gens ont apprécié la première collaboration ! Et puis il y a une certaine facilité à retrouver quelqu’un avec qui on a déjà joué, les rapports sont plus simples sans pour autant perdre de leur richesse…Le fait que l’on se connaît nous permet surtout d’aller plus rapidement à l’essentiel.
Tu as fait tes études à l’IAD… C’était ta volonté première ? Ça t’a plu ?
Oui, je n’ai présenté que le concours d’entrée à l’IAD, je ne voulais pas aller ailleurs. Je m’étais renseignée et je trouvais que c’était l’école qui me
correspondait le plus. Je trouvais important de travailler l’aspect physique du métier, même si en tant que fille on me demande rarement de faire de l’escrime ou même de l’acrobatie… Et puis j’appréciais également le fait qu’on ait différents profs, et pas un professeur principal comme dans les Conservatoires. Comme on passait trois mois avec chaque prof, on devait très vite s’habituer à sa façon de travailler, et cette faculté d’adaptation m’a été très utile par la suite…
Avant l’IAD tu avais fait des humanités artistiques… Tu savais donc depuis toute petite que tu voulais devenir comédienne ?
J’ai fait du théâtre en cours parascolaires jusqu’à ma quatrième année en secondaire, année que j’ai ratée. J’ai préféré changer d’école et d’option et j’ai donc poursuivi mon cursus en humanités artistiques… Nous avions les mêmes cours généraux que les élèves « normaux », seules les options étaient remplacées par des cours de théâtre à l’Académie…
Tu as joué aussi bien au ZUT qu’au Théâtre du Parc … Quelles différences as-tu ressenties entre ces deux structures ?
Quand j’ai joué dans La Terre des Folles au ZUT, on a dû peindre les murs pour pouvoir ouvrir le théâtre ! Evidemment qu’au Théâtre du Parc on ne doit pas aspirer nous-mêmes les fauteuils pour que les abonnés puissent s’asseoir… Il y a donc un investissement et une ambiance différents, je me souviens qu’avec les gens qui bossaient au ZUT il y a trois ou quatre ans, on s’amusait beaucoup car on devait faire vivre ce lieu avec les moyens du bord ! Dans les grosses structures il y a moins de surprises, il ne faut pas comme au ZUT attirer le public, les enjeux sont différents ! C’est donc bien sûr plus émoustillant de bosser dans un théâtre comme le ZUT car il y a cette notion de danger qui fait que tout le monde est obligé de donner son maximum ! Dans les grandes structures, on a tendance à se sentir plus installé, on sait que les abonnés seront là l’année prochaine et on connaît leurs attentes… Après avoir bossé au ZUT, je me suis dit qu’il ne faudrait jamais que je perde de vue cette façon de jouer et de s’investir, qu’il fallait absolument éviter de considérer tout comme acquis…
Es-tu attirée par la mise en scène ?
Pas du tout ! Ça viendra peut-être plus tard mais pour l’instant j’ai envie d’être sur le plateau et de jouer les belles scènes, pas de les diriger ! J’adore jouer en fait ! (Rires)
Est-ce qu’il y a des rôles que tu endosserais avec un plaisir particulier ?
Il n’y a pas de rôles spécifiques que j’ai envie d’interpréter. Là je joue souvent les petites jeunes filles bien jolies et bien gentilles et c’est vrai que j’attends le moment où je pourrai jouer des « vraies » femmes ! Je dois sûrement pour cela attendre que mon corps change ou qu’une nouvelle génération de jeunes comédiennes arrive ! C’est selon moi davantage une question de travail avec certaines personnes plutôt que de rôles bien précis.
Evidemment que j’aimerais jouer des rôles plus consistants mais dans État Critique, j’interprète une petite bonne frivole et je m’amuse super bien ! Je n’ai juste pas envie d’être enfermée dans un rôle…
T’intéresses-tu au théâtre flamand ?
Pas assez du tout. La dernière pièce que j’ai jouée aux Martyrs - Mephisto Forever - a été écrite par un flamand [1] et c’était passionnant de voir les différences entre les deux adaptations [2] Je ne crois pas que je serais capable de jouer en néerlandais mais dans Vincent à Brixton [3], je partageais l’affiche avec un Hollandais qui ne parlait pas un mot de français mais qui jouait en français sans problème ! C’est un manque à combler dans ma carrière car je trouve que la scène flamande est très dynamique et ouverte, par exemple quand elle propose des pièces surtitrées en français….
Ressens-tu une angoisse par rapport aux saisons prochaines ?
Pour l’instant j’ai des contrats jusqu’en mars 2009, donc je n’angoisse pas trop. Et puis on ne peut pas choisir ce métier en niant cette réalité…Je savais très bien que j’aurais l’impression d’être la pire comédienne du monde quand on ne m’appellerait pas pour me proposer un rôle !
Est-ce que tu appelles parfois toi-même les metteurs en scène pour leur dire que tu aimerais travailler avec eux ?
C’est un truc que j’ai super du mal à faire ! Il y a des gens qui vont à toutes les soirées, à toutes les premières et qui n’hésitent pas à aborder les metteurs en scène. Moi j’en suis incapable ! J’ai dans mon agenda le nom de tous les metteurs en scène avec lesquels j’aimerais travailler mais je retarde chaque fois le moment de les contacter… Je trouve ça très dur de se vendre mais il faut le faire, c’est comme discuter ses contrats. C’est une partie du jeu que j’ai du mal à jouer, ça m’impressionne trop !
Tu as déjà un peu d’expérience au cinéma… Ça te plaît ?
Oui, j’adore ça ! C’est rare qu’on propose un rôle dans un long métrage à une jeune comédienne belge et inconnue mais si ça devait arriver je dirais oui sans hésiter ! Ce n’est pas du tout la même façon de travailler qu’au théâtre, mais je trouve ça super gai. Alors je passe quelques castings, mais je n’ai pas envie de m’expatrier à Paris et de prendre un agent pour absolument décrocher un rôle au cinéma…
Un petit mot au sujet de tes projets avec lavraietelevision.com ?
C’est un projet auquel nous tenons beaucoup. Tout est en place et on attend encore, comme toujours ... le nerf de la guerre. L’article paru en janvier dans La Libre explique cela très bien.
En conclusion, trouves-tu qu’il est dur de faire et de vivre du théâtre en Belgique ?
Il m’est difficile de répondre à cette question car pour l’instant j’ai eu beaucoup de chance… Je suis sortie de l’IAD avec deux contrats en poche et ça a continué comme ça… Mais il est évident que quand on voit la qualité des comédiens qui se présentent aux auditions, ça fait peur ! Il y a beaucoup de gens géniaux qui ne travaillent pas car il n’y a pas assez de place pour tous les talents… Je touche du bois car, même si je n’ai pas des dizaines de contrats par an ça va assez bien pour moi !
Interview : Solange De Mesmaeker – 21 avril 2008
Logo : Erika dans 39, Passage des Anges Image : Patrice Michaux
On pourra voir Erika Sainte dans État Critique au Théâtre Royal des Galeries du 29 avril au 18 mai et on la retrouvera avec plaisir du 6 novembre au 6 décembre aux Martyrs dans Les Revenants d’Ibsen.