Comme à son habitude, Elvire Brison livre une mise en scène sobre et dépouillée. Pas de références, ni à l’actualité, ni au contexte historique dans lequel la pièce a été rédigée -l’après-guerre immédiat. Pas d’artifices inutiles. Rien d’autre que le texte de Beckett. Un choix logique, en théorie. En pratique, malheureusement, cela coince un peu. La mise en scène est correcte, mais sans plus. Nous aurions aimé un peu d’audace, de recherche, voire de petites prises de risques.
Les prestations des acteurs sont assez inégales. Avec une diction à la limite du scolaire, Michel Jurowicz joue un Estragon sans consistance (mais peut-être est-ce l’effet recherché ?) Face à lui, John Dobrynine est nettement plus “présent” en Vladimir oscillant entre espoir et résignation, tandis qu’Idwig Stéphane incarne brillamment le bourreau Pozzo. Le monologue délirant de Lucky, magnifiquement interprété par Emmanuel Dekoninck, est le seul moment réellement marquant du spectacle.
La thématique de l’absurde n’a plus rien de nouveau. Elle est même devenue ringarde. Alors, pourquoi monter Beckett aujourd’hui ? Peut-être tout simplement pour permettre au public de découvrir ses classiques autrement qu’en s’en farcissant la lecture ? Mais comme projet dramaturgique, c’est un peu court...
Les pièces de théatre sont comme les vins : certaines vieillissent mieux que d’autres. Godot appartiendrait-il à la deuxième catégorie ? Le débat reste ouvert.
13 Messages