On se croirait aux Petits Riens ou chez Emmaüs, des dizaines de fringues jonchent le sol, occupent les cintres et même le fond de scène. On y croise le directeur financier d’une entreprise établi à New-York, un cultivateur de coton en Inde, une ouvrière dans une usine textile de Dacca au Bangladesh et la fashion victim branchée du quartier du Châtelain. Chacun partage son quotidien et ses relations avec les vêtements. Les uns répondent indirectement aux autres creusant un peu plus à chaque prise de parole le fossé social qui les sépare. Ils vivent manifestement sur la même planète mais pas dans le même monde.
Une pub pour un jeans, un groupe de parole de dépendants au shopping, une youtubeuse beauté et lifestyle, les comédiens de la Compagnie Don’t Paniek égratignent avec humour les dérives de la société consumériste qui se fout comme d’une guigne des conséquences écologistes et du mépris des droits humains qui sont légions dans l’industrie de la mode. Le propos appelant, à tout le moins, à une prise de conscience si pas une mobilisation citoyenne, rappelle que la clé du changement est en chacun d’entre nous, changement d’habitudes, changement de regard ou abandon de la confiance aveugle dans le consumérisme et du fétichisme de la marchandise.
Le point d’orgue du spectacle consiste en une séance de questions-réponses entre le public et les personnages présents sur scène, les personnages et non pas les comédiens qui les incarnent. On plonge ainsi dans le quotidien de l’ouvrière, du cultivateur, du chef d’entreprise et de la bobo (en apparence) superficielle. Très documentés et doués pour l’improvisation, les comédiens se prêtent, chacun à son tour, au jeu de l’interrogatoire avec aplomb et répartie.
« Du fil à l’aiguille », création collective de et par La Cie Don’t Paniek, avec Caroline Tellier, Malkiel Golomb, Charlotte Fischer et Jean-Christophe Fernandez. Jusqu’au 31 décembre aux Riches-Claires à Bruxelles, 02/548.25.80, lesrichesclaires.be.