Le public est accueilli par le couple, invité à prendre place dans le salon. Un buffet attend les convives. Vin, fromage, salaisons, tout est fait pour que les invités se sentent à l’aise. L’histoire est racontée parallèlement par Doreen et Gérard, chaque spectateur prêtant l’oreille à l’hôte installé à proximité.
« Notre histoire a commencé merveilleusement, presque comme un coup de foudre. Le jour de notre rencontre, tu étais entourée de trois hommes qui prétendaient te faire jouer au poker ». Parfois, les dialogues sont directement issus du livre, lus ou récités. Parfois, il s’agit d’une fiction. Le livre ne fait que 80 pages, et encore, avec de gros caractères. Pour raconter 58 ans d’existence, c’est peu. David Geselson (texte et mise en scène) a rempli les interstices à sa façon, laissant la réalité des confessions guider sa plume.
Il n’y a pas que l’amour qui est conté. Le couple d’intellectuels parle politique, fréquente Sartre, se chamaille de temps en temps. Au cours de sa vie, Doreen reçoit des injections de lipiodol avant d’être opérée d’une hernie discale paralysante. Huit ans plus tard, le liquide s’est répandu dans les fosses crâniennes et les cervicales provoquant une arachnoïdite, incurable. « Tu n’avais plus rien à attendre de la médecine ».
Pour un soir, Laure Mathis et David Geselson sont Doreen et Gérard. Elle, lumineuse, belle, intelligente, subtile. Lui, intellectuel pouvant rester trois jours sans lui adresser un mot, plus en retrait. Doreen et Gérard forment un couple légendaire. Laure et David leur rendent hommage. « Si tu pars, je te suivrai. Je ne pourrai pas supporter de te voir partir. » C’est bien ce qui est arrivé, ils se sont suicidés, ensemble. Une histoire bouleversante. Le public est conquis. Nous aussi.
2 Messages