David Murgia, co-créateur du spectacle, accueille le public avec une jovialité un peu surprenante : "Bienvenue dans mon pays. Dans mon pays il pleut. Et il y a la guerre". Il enchaîne avec une série de monologues, discours, et autres confidences qui éclairent cette situation de lutte d’autant de facettes différentes.
Le verdict est terrible : le monde est moche, immoral, et cela semble très bien comme ça pour le personnage et les différents alter ego qu’il incarne. Tout le monde le sait visiblement, et pourtant, pourquoi changer ?
Si la lutte des classes est un des sujets favoris d’Ascanio Celestini, il donne cette fois-ci la parole aux puissants, à ceux qui tiennent les rênes, les armes ou ... le parapluie. La langue est belle, les métaphores s’enfilent comme des perles, et construisent un discours à la fois décalé, incongru, et pourtant ô combien précis. La preuve : il fait mouche à tout coup, il suffit de lire les nombreuses et excellentes critiques que le spectacle reçoit régulièrement.
Du point de vue du public, l’effet est immédiat. Le cynisme, la froideur, la raillerie avec laquelle tout est raconté est d’une violence terrible. Et le développement, sur un fond joyeusement fataliste, passe doucement l’espoir à tabac. L’objectif ? Sans doute d’éveiller les volontés et les consciences sociales. Cependant, il faut pour cela passer outre la répugnance qu’induit le personnage, aussi charismatique qu’immoral, et qui laisse une impression plutôt amère.
Mais théâtralement parlant, c’est un spectacle d’une finesse rare. La scéno est aussi belle que pratique, la présence du musicien offre des appuis de jeu au comédien, et le texte est tout simplement incroyable.
Avis aux adeptes de la critique social, de l’humour noir, et de grand théâtre.
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