Cela parle - ou plutôt cela ne parle pas - cela donne à voir la petitesse et la dérision des attachements matériels de l’être humain face aux cataclysmes naturels. Mais avec un tel décalage entre les rituels familiaux ancrés en nous jusqu’au ridicule et la métaphorisation du corps humain que cela rend obsolète tout discours, toute projection théorique.
Depuis 2017, la compagnie Chaliwaté et la compagnie Focus travaillent ensemble à la recherche d’un nouveau langage visuel qui part de l’intime pour atteindre une évidence universelle : « Le geste est pour nous un moyen singulier de créer des images évocatrices, suggestives et métaphoriques. Nous partageons une même vision du théâtre ; poétique, physique, visuel et artisanal, jouant sur le comique dans le tragique ».
Et de l’humour, il y en a, une bonne dose, mais avec une arrière-goût amer de fin de civilisation.
Développé à partir d’une écriture collective qui avait vu une première concrétisation dans « Back up » présenté au Festival XS et ensuite dans le monde entier jusqu’au prestigieux Festival d’Edimbourg (dans le cadre du marché mondial des nouveautés scéniques), maintes fois récompensé, « Dimanche » poursuit l’exploration des dégâts dus aux changements climatiques.
Nous sommes cette fois dans l’intimité d’un couple qui vit avec une personne âgée représentée ici par une marionnette expressive à taille humaine. La chaleur est torride au point de faire fondre les objets nécessaires à la survie, de créer des dysfonctionnements électriques, tout part à vau-l’eau mais les membres du ménage s’obstinent à reproduire les gestes du quotidien dans le chaos ambiant.
Et puis il y a ces reporters qui en dépit des difficultés (fonte des glaces, tornades, tsunami) tentent de pister les espèces animales en voie d’extinction.
Par des enchainés parfaitement orchestrés, on se rend compte que tout est lié et que nous sommes dans le même bateau, bien précaire en réalité.
Mime, théâtre gestuel, théâtre d’objets, vidéo, « Dimanche » mêle des disciplines diverses pour créer de l’émotivité et de la prise de conscience.
Et puis le spectacle nous scotche par la richesse de ses trouvailles et même si les mécanismes créant l’illusion sont clairement montrés, on est fascinés et emportés dans un rythme et un tourbillon de sensations diverses.
UNIQUE ! À voir et revoir.
Palmina Di Meo