Baigné dans un univers sonore étrange et inquiétant, Débris évolue dans une atmosphère glauque où cohabitent de façon improbable WC, saleté et jouet d’enfant. C’est dans ce décor symbolique et épuré que les deux jeunes comédiens (Fanny Dumont et Julien Besure) viennent nous livrer le témoignage cruel d’une enfance déchirée par la mort de la mère et l’abandon du père. Derrière un voile en plastique, devenu tissu de projection d’images et d’ombres, ils apparaissent ou disparaissent, traversent les caricatures et les âges, pour tenter de renouer les liens du passé.
Construit à la manière d’un puzzle de sensations et de souvenirs, Débris donne la parole à un frère et une sœur, animés du désir fascinant de raconter la vie et la mort. A la fois rivaux et complices, ils nous dévoilent leur intimité, leurs peurs profondes et leur part d’ombre. Même si au fur et à mesure que les pièces du puzzle s’assemblent, les fils d’une histoire décousue semblent se révéler, certains liens flous échappent au spectateur, par manque d’évidence ou de clarté, jusqu’à ce que la boucle du récit soit bouclée. Jouant avec les silences et les sons, les corps et les mouvements, les modulations de la voix, les ruptures de tons et les changements de rythmes, le metteur en scène plonge le spectateur dans un état étourdissant d’attention et d’écoute.
Avec fraicheur et sincérité, Fanny Dumont et Julien Besure se prêtent au jeu des contrastes entre candeur et cruauté. Les événements tragiques et les conflits apparaissent à travers des yeux d’enfants, d’une manière intuitive et ludique. Ici, les relations filiales, familiales, les ravages de l’abandon, la perte de repères et les souvenirs d’enfance sont abordés de façon poignante. Au-delà de ce mélange étonnant de froideur et d’intensité, Débris tire sa profondeur de l’intime et de la révélation, s’attache davantage aux formes abstraites qu’aux réalités, cherchant à mieux nous troubler.
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