Débrayage

Ixelles | Théâtre | Théâtre Marni

Dates
Mercredi 9 octobre 2019
Horaires
Tableau des horaires
Théâtre Marni
Rue de Vergnies, 25 1050 Ixelles
Contact
http://www.theatremarni.com
info@theatremarni.com
+32 2 639 09 82

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Débrayage

Nous sommes dans une tragicomédie.
Ici, ni bons ni méchants mais des êtres perdus, ballottés, dans la tourmente.
Le texte de Rémi de Vos se présente sous la forme de séquences. Il y traite de l’exclusion et de ses conséquences dans une dizaine de situations et autant de milieux différents. Par « exclusion » il faut entendre exclusion du monde du travail, exclusion d’une société normalisée par des codes, des rythmes, voire un langage qui sont ceux que la rentabilité économique impose à l’ensemble des rouages sociaux.
Tous ces personnages, débrayés du grand moteur social, deviennent les jouets de la peur, de l’abandon. La perte des repères et parfois de la dignité les conduisent à des débordements. Le menacé, l’exclu, banni du bien penser et du bien vivre agit sans mesure et, dans ce contexte grave parfois se comporte malgré lui en figure comique. Au-delà de la situation évoquée par chaque séquence, se pose la question de l’ambivalence des personnages pris dans un faisceau de contradictions. De victimes, certains se verraient bien, ne serait-ce qu’une fois, en situation de dominant : patron, contremaître… Ainsi, la conscience malmenée de chaque exclu renvoie-t-elle à la fragilité des convictions. En fait, on est avec ce texte aux confins de la vulnérabilité humaine, au cœur même de ce qui reste de l’homme écarté de la mécanique sociale : sa solitude. Texte Rémi de Vos, mise en scène Hélène Theunissen
Avec Habib Ben Tanfous, Kevin Ecobecq, Johanna Groc, Lionel Hille, Margot
Infanti, Amandine Jongen, Alexandre Lungerich, Gaëlle Paucot, Petra Urbanyi.
Univers sonore Geoffrey Sorgius
Costumes Julie Martinez et Emma Toussaint
Collaborateurs artistiques France Bastoen, Isabelle Beirens, Jean-Michel Distexhe
Diane Fourdrignier
Assistanat Maxime Anselin

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Mardi 8 octobre 2019, par Palmina Di Meo

Vendre son âme au diable

Une dizaine de lampes de chevet éparses sur la scène spacieuse du Marni, telles des voyants témoins de drames intimes prêts à nous péter à la face. C’est un monde cruel et réaliste, que nous connaissons hélas trop bien, un monde mécanique qui broie les individus pour les couler dans le moule du conformisme et de l’obéissance, c’est ce monde que raille Rémi de Vos dans ses neuf séquences grinçantes jusqu’à l’absurde, jusqu’au grotesque, jusqu’à la farce.

On rit certes, jaune parfois, car les situations, de dramatique en deviennent cocasses. Jusqu’où peut-on s’avilir pour vaincre la peur, celle de perdre, de déchoir, la peur d’être exclu, banni, d’être jugé indigne de faire partie de la grande machination économique au service des lois du marché.
Et comment survivre dans un monde de névrosés, de culpabilisés où les rôles qu’ils soient de dominants ou de dominés ne peuvent conduire qu’au burn out.

Avec sa plume acérée par une expérience personnelle chaotique avant de connaître le succès comme auteur dramatique, Remi de Vos a l’art de percer les abcès et de toucher les cordes les plus sensibles des ressorts humains.
Écrite en 1994, la pièce n’a pas pris une ride. Le monde du travail avec ses quotas de rentabilité, ses emplois précaires, avilissants, tue lentement la créativité et transforme les candidats en clowns tristes ou en singes grimaçants.

Habib Ben Tanfous, Kevin Ecobecq, Johanna Groc, Lionel Hille, Margot Infanti, Amandine Jongen, Alexandre Lungerich, Gaëlle Paucot et Petra Urbanyi sont les neufs comédiens fraîchement sortis du Conservatoire qui ont choisi de porter ces textes à la scène sous la houlette de leur professeur Hélène Theunissen. Celle-ci leur a laissé une grande latitude dans le choix et la distribution des rôles en fonction des préférences de chacun dans une mise en scène en forme de multiples boîtes de Pandore sous l’habillage sonore de Geoffrey Sorgius pour les chorégraphies de transition.

Un spectacle de 120 minutes qui passent à la vitesse de l’éclair avec des situations cocasses même si certaines tombent parfois dans la facilité, des comédiens au top qui dans les scènes d’hystérie gardent une justesse frappante sans jamais basculer dans le surfait. À voir !

Théâtre Marni