Entre somnolence et rêve éveillé, elle se matérialise sous ses yeux. Une complicité s’installe, Maria a passé son enfance à New York, apprenant les chansons de jazz à la mode des années ’30 grâce au petit poste de radio que son père lui avait offert.
Ensemble, ils vont revivre les épisodes pivots dans la vie de la soprano à la manière d’une tragédie grecque en 5 actes. Du départ de la Grèce de ses parents jusqu’à la mort de Aristote Onassis bientôt suivie par celles de Pasolini et Visconti, c’est la femme que François Grenier va apprécier, fragile, passionnelle, intransigeante avec elle-même.
Sa relation conflictuelle avec sa mère, la séparation d’avec un père qu’elle chérissait, son entrée au Conservatoire à 15 ans, un physique ingrat et une grande solitude vont former un caractère d’acier, infatigable dans la recherche de la perfection.
La mise en scène de Patrick Brüll, sobre et essentielle, reflète un texte et un jeu d’un naturel désarmant révélant une Callas qui n’avait rien de narcissique, qui aimait l’art pour l’art et l’amour plus que l’art. Naïve parfois, insatisfaite souvent, Maria qui rêvait d’une vie tranquille et aspirait à fonder une famille sera rattrapée par sa notoriété et par la servitude de la gloire. Peu à peu, la star et le biographe se confient l’un à l’autre et c’est une leçon de vie qui se dégage de ces confidences spontanées.
Anne Renouprez, soprano et comédienne, recrée le rêve par sa ressemblance physique avec « La Divine » et par son interprétation touchante des débuts chaotiques de la célèbre chanteuse. Alain Eloy donne vie à tous les protagonistes du destin de Maria Callas dans le puzzle vivant qu’ils se plaisent à jouer.
Un spectacle à savourer comme ces intermèdes généreux que la vie nous offre de temps à autre.
Palmina Di Meo