Mardi 20 janvier 2009, par Xavier Campion

De SCHUBERT à WIDMAN…

C’est discrètement, à l’ombre de Beethoven et dans la même ville, à Vienne, que Schubert écrivit ses 15 quatuors.

Le génie de Schubert se développera sans l’ambition de dépasser les maîtres qu’il admirait, sans remettre en cause la tradition, mais en suivant sa nature et ses intuitions. Discret, humble même, Il suivra un tracé tout personnel. Il n’y a jamais rien d’ostentatoire dans sa musique… Mais n’est-ce pas justement cela qui fait toute la poésie de Schubert ?

Franz Schubert, Quatuor à cordes n°9, D173, quatuor à cordes n°15, op. 161, D 187.

Ces quatuors peuvent se répartir en 12 quatuors dits de jeunesse, écrits en à peine 4 ans pour des séances familiales (avec ses 2 frères violonistes et son père violoncelliste), et qui vont lui permettre d’évoluer dans le genre et d’atteindre les 3 derniers quatuors qui sont des chefs d’œuvre du genre.

Le schéma de ses quatuors – à l’exception du premier - est invariable avec un allegro, un andante, un menuet (ou un scherzo pour les 2 derniers) et une finale assez rapide. Ce n’est donc pas dans l’architecture, ou la forme qu’il faut rechercher l’intérêt de ses quatuors, mais plutôt dans le bonheur de l’inspiration, dans l’abandon à l’instant présent qui induisent cette émotion tellement particulière de sa musique.

Nous sommes loin de l’univers conflictuel de Beethoven. Cette musique s’écoute attentivement, mais sans prétention. Elle est proche de nous. Elle exprime à la fois la joie et l’angoisse.

C’est donc avec notre cœur, nos sentiments que l’on captera le mieux « la fragilité du moment qui passe et le merveilleux de l’éternité rêvée » que Schubert nous décrit. Obsédé par la mort dans ses dernières années, ceci est encore plus présent dans le quatuor n° 15, le dernier des quatuors à corde, dans lequel Schubert atteint le sommet de son art.

Jorg Widmann, quatuor à cordes n°1.

Widmann a composé 5 quatuors à cordes, qui ont été conçus pour former un cycle. Chacun des quatuors forme un type de mouvements. Le quatuor n°1 que nous écouterons est une introduction, le 2ième quatuor est un largo, le 3ième un scherzo classique, etc.…

La structure de ce premier quatuor est morcelée, et les changements de mesures extrêmement rapides pour aboutir enfin à un mouvement continu fluide.
Jorg Widman est né en 1973 à Munich. Il étudia la clarinette et la composition et se produit en musique de chambre avec les plus grands interprètes.

Il créa plusieurs concertos et joue avec de grands chefs comme Kent Nagano, von Dohnanyi etc…

J’ai personnellement découvert ces quatuors avec l’interprétation du Leipziger Streichquartett chez MDG records.

Puisse l’écoute de ce premier quatuor vous donner envie de découvrir le cycle des 5 quatuors, et de découvrir ce jeune compositeur.

Je suis certain que le quatuor Artemis, tant de fois primé, saura à la fois nous transporter dans le merveilleux univers de Schubert, et nous faire pénétrer durant environ 13 minutes dans cette œuvre contemporaine.

Ne laissez pas filer l’occasion d’entendre ceux que le très sérieux quotidien allemand Frankfurter Allgemeine Zeitung nomme « les meilleurs d’entre les excellents »…

Au 7 février prochain au conservatoire de Bruxelles...

Chronique musicale de Georges Yana