Conçu en trois tableaux, écrit durant le premier confinement, le spectacle interroge le sens de la vie dans l’infini de l’univers par le biais de la science, de la nature et de la politique.
Ferraresi, dont c’est la première production, fait appel à tous les savoirs qu’il a acquis au cours de ses collaborations avec Franco Dragone et Roméo Castellucci. Plus qu’un discours, c’est une installation théâtrale qu’il propose où la technologie, les effets spéciaux, les masques et la transformation de la matière se mêlent à des rêveries poétiques écrites par Leopardi, un poète du XVIIe siècle, et à des intermèdes acrobatiques (Jérémy Juan Willi).
Dans le premier tableau, un astrophysicien (Gabriele Portoghese) nous initie à la matière et à l’énergie noires. Un décor de forteresse grise traversé de rayons lumineux évoquant un univers carcéral ou les murs d’un monastère, un environnement sonore intriguant composé sur mesure par Lucio Leonardi, nous voilà plongés dans une composition mouvante aux couleurs contrastées (les éclairages sont de Claudio de Pace) qui ouvre une réflexion sur la merveilleuse mécanique de l’univers, un mystère qui reste absolu encore aujourd’hui. Et c’est surtout une invitation à la découverte, à la réflexion sur le sens et la finalité de l’univers, toutes questions fondamentales que nous avons tendance à négliger de nos jours au bénéfice de préoccupations égoïstes et terre à terre.
Une parenthèse de fraîcheur ce deuxième tableau qui fait surgir un pasteur et son monologue poétique adressé aux étoiles. Une véritable carte postale opposant l’infiniment petit de la condition humaine et l’immensité du cosmos. La poésie, la magie des mots, comme moyen d’appréhender la perfection d’un ciel étoilé, peut-on trouver mieux ?
Car le discours politique est bien limité, cantonné dans une vision à court terme de l’évolution de nos sociétés. Alors une jeune assistante d’Ursula Von der Leyen, notre présidente de la Commission européenne, écrirait bien un discours sur l’urgence de se préoccuper ensemble de l’avenir des hommes dans un monde qui court à sa destruction. Elena Rivoltini, comédienne et chanteuse lyrique baroque, occupe la scène de ce dernier volet qui renoue avec les interrogations de la Renaissance, la nécessité d’une régénération morale.
Se pose la question de l’essence divine, en créant des barrières et des mondes clos pour protéger des lois mercantiles, ne s’éloigne-t-on pas de la vérité et du véritable destin de l’homme ?
Palmina Di Meo
Photo : © Event Horizon Telescope Collaboration