SOLD OUT ! La dernière du « Dernier coup de ciseaux » l’année dernière au TTO valait le détour ! Envoyons d’abord le négatif, qui devient vite positif si l’on utilise le filtre du second degré.
Démarrage en fanfare dans le salon d’un coiffeur. Gay jusqu’au bout des cheveux dans son short-slip à rayures, celui-ci exhibe une contenance franchement outrancière, clichés burlesques garantis. Son assistante, une Nabila-bis, est renversante de bêtise, sanglée dans ses clichés ad hoc. Il y a aussi deux clients impatients d’en finir, dont l’un se révélera être capitaine de police et l’autre une grande gueule liée au show-biz. Enfin, une grande dame très jet set, habituée à la domesticité, débarque en retard pour l’heure des bigoudis. Échanges verbaux bas de gamme dans tous les sens, sans cesse interrompus par les gammes échevelées d’une pianiste has been à l’étage du dessus qui shampouine éternellement le même morceau de Rachmaninov. La tranche de vie s’active, le coiffeur explose, les langues se délient, les rancœurs se déversent entre les coups de rasoir en folie. Ce que l’on déplore, c’est le nombre de décibels, les accents appuyés et une adaptation belgo-belge de la pièce originale un peu lourde.
Mais c’est alors que l’orage éclate. On annonce qu’Isabel Czerny, la pianiste, est morte assassinée. Le spectacle prend la tournure d’un roman à suspense d’Agatha Christie. Comme dans « An inspector calls » de JB Priestley, tous les personnages ont de bonnes raisons pour l’avoir liquidée – à coups de ciseaux – il va sans dire ! C’est à qui va faire porter le chapeau à l’autre. Les comédiens se déchirent dans le salon clos.
Le coup de maître c’est que la pièce quitte les planches et prend la tournure d’un jeu de Cluedo. Le public est soudain pris à partie. On allume la salle et c’est à lui de faire la reconstitution intégrale de crime. C’est lui qui peut tenter de mener en bateau les comédiens farceurs dont l’esprit fertile doit répondre par de l’humour instantané. Sacré défi, de toutes parts ! Le tout sous la baguette mi-sérieuse, mi-militariste du capitaine de police et de son ridicule acolyte. Et cela se joue peu à peu comme un roman policier dont vous êtes le héros. Et – chut – tour de passe-passe : le ou la coupable est différent tous les soirs ! La majorité du public y est allé en famille et les enfants y vont ferme de leur esprit de déduction et de leurs observations malicieuses. Un vrai régal ! Un spectacle récréatif avec des comédiens de choc pour public de préférence créatif !
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