D’énormes containers en arrière-fond, deux présentatrices qui habitent et racontent l’espace et, à l’avant-scène, en petit : le "monde ancien". Le décor est planté. Il ne bougera pas tandis que, tout autour, ne cesseront de s’agiter les personnages de cette fresque critique et acide de notre société.
Deux hommes politiques, leurs femmes, une de leur plume, une révoltée, un oiseau de nuit, le bureau du plan, la radiophonie francophone et une serveuse se succèdent ainsi pour animer cette pièce politico-conjugale. Dans un incessant va-et-vient, entre portes qui s’ouvrent et portes qui claquent, chacun viendra exposer ses problèmes, les discuter, nous en abreuver. Avec des mots justes, parfois jusqu’à plus soif, avec des accroches marketing inlassablement répétées, et à travers une mise en scène vivante et réussie.
La pièce prend place une veille d’élections. Une journée qui nous transporte à travers toute la Belgique en distillant et ressassant quelques mots-clés : table en formica, croquettes aux crevettes... Au rythme des formules qui claquent - ’Ting’ - et malgré quelques longueurs, la pièce revient sur le consumérisme, le libéralisme, ainsi que sur la vie et la survie de couple. Mais le texte de Paul Pourveur, commandé et mis en scène par Philippe Sireuil, s’attaque surtout aux discours politiques vides de sens - « Le mensonge devenait une conviction » - et à leur construction.
La scénographie de Vincent Lemaire et les vidéos de Stefano Serra, projetées au début, nous plongent dans cet univers désabusé mais pourtant chargé d’espoir. Presque tous les acteurs incarnent avec force et conviction leur(s) rôle(s) dans cette pièce où les femmes proposent et agissent tandis que les hommes s’interrogent et ergotent. Les couples y sont remis en question autant que la société et nul doute que dans cette avalanche de mots, plusieurs vous toucheront. ’Ting’ !
Thomas Leroy