Comédie sur un quai de gare
Sur le quai d’une gare, une jeune femme, son père, un jeune homme et… un haut-parleur.
Le père se dit qu’il faudrait que quelque chose se passe. Maintenant.
C’est ça, oui. Il faudrait qu’à la machine à café par exemple, sa fille et le jeune homme se rencontrent. Qu’ils tombent amoureux. Sur un quai de gare, tout peut arriver. On échange des banalités et puis, comme le train n’arrive pas, un regard, une vibration…
Tout est en place, une nouvelle vie peut commencer.
Sur le ton de la comédie, sans avoir l’air d’y toucher, Samuel Benchetrit nous livre une très belle partition, sensible, un poil décalée, drôle et tendre, un peu triste aussi, comme le jour qui s’achève. Avec détachement, il parle de l’enfance qu’il faut quitter un jour et de l’amour qui commence. Du train qui est en marche. C’est léger comme une bulle et profond comme la mer. Et sans crier gare, il nous livre un secret : ne rien prendre au sérieux (rien n’est grave, même la mort), tout prendre à cœur.
UNE PRODUCTION DU THÉÂTRE LE PUBLIC. AVEC LE SOUTIEN DU TAX SHELTER DE L’ETAT FÉDÉRAL BELGE VIA BELGA FILMS FUND ET DE LA COMMUNAUTÉ FRANÇAISE. L’AUTEUR EST REPRESENTE PAR L’AGENCE MCR, MARIE-CECILE RENAULD, PARIS. Photo © Gregory Navarra.
Distribution
De Samuel Benchetrit.
Mise en scène : Itsik Elbaz. Avec : Antoine Herbulot, Jeanne Kacenelenbogen et Michel Kacenelenbogen et Elsa Tarlton. Scénographie : Renata Gorka. Décoratrice : Eugénie Obolensky. Assistante décoratrice : Marie-Capucine Simonis. Lumière : Laurent Kaye. Musique originale : Pascal Charpentier. Costumes : Béa Pendesini. Stagiaire création costumes : Margot Agnus.
Lundi 4 mars 2019,
par
Catherine Sokolowski
Tendre et drôle, « Comédie sur un quai de gare »...
La douceur des sentiments
Tendre et drôle, « Comédie sur un quai de gare » est une pièce de Samuel Benchetrit qui parle de la vie, de filiation, de l’amour et de la mort. Michèle (Jeanne Kacenelenbogen) accompagne son père Charles (Michel Kacenelenbogen) à Paris pour qu’il y subisse des examens médicaux. Suite au décès de la maman de Michèle, ils sont devenus très fusionnels. Mais Charles n’est pas éternel, sur le quai de gare, il interpelle un jeune homme (Antoine Herbulot) : « Monsieur, comment trouvez-vous la fille qui est assise entre nous ? Légère et spontanée, la pièce dévoile lentement les sentiments des uns et des autres avec beaucoup de justesse. Un très agréable moment de théâtre.
Une petite gare de banlieue, trois personnages, un monsieur âgé, une jeune fille blonde, un jeune homme nerveux, chacun occupe son propre banc. Le jeune homme semble apprécier la jeune fille mais il est timide. Le monsieur âgé l’incite à fleurter mais il finit par comprendre que ce monsieur est le père de ladite jeune fille. Cette scène cocasse l’effraie mais il vient d’acheter un bar-tabac et ne souhaite vraiment pas s’installer seul à Paris.
Charles fait un grand effort pour trouver un prétendant à sa fille mais elle n’est pas forcément prête à quitter le nid. Le père et la fille vont-ils pouvoir oublier leur « vie d’avant » ? Charles sait que c’est une nécessité « On ne peut pas continuer à vivre comme ça, tu vas devenir plus vieille que moi ». Le souhait du jeune homme pourra-t-il être exaucé ? Michèle commence à y croire « Ce n’est pas le coup de foudre mais c’est plutôt une bonne averse ».
Un haut-parleur (voix féminine) diffuse les annonces ferroviaires : retard, longueur de trajet, sécurité. Soudain, la voix anonyme (Elsa Tarlton) s’immisce dans la conversation, d’abord négligemment puis de manière plus personnelle.
Jeanne et Michel Kacenelenbogen jouent leur propre rôle et le duo père-fille n’en a que plus de saveur. Antoine Herbulot trouve également sa place de jeune homme désoeuvré qui tombe lentement amoureux sur le quai d’une gare, s’ouvrant à un bonheur qu’il n’attendait pas. Une pièce qui parle de la vie, du bonheur, des relations avec beaucoup de fraîcheur. Les interventions de l’hôtesse de gare sont toutes succulentes et donnent une dimension supplémentaire à cette comédie dotée d’une très belle scénographie de Renata Gorka. Prenez le train tant qu’il passe !
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