Clos
... Ensemble vers une utopie ou utopie d’être ensemble ? Essayons nous verrons ...
Pour son deuxième spectacle, le jongleur acrobate Loïc Faure poursuit ses expérimentations scéniques autour de la problématique des limites, des cases dans lesquelles on range, des boites qui enferment, des cages qui parfois libèrent. Avec « Clos », il élargit les perspectives en ajoutant la notion de groupe : Peut-on être libre à plusieurs ?
Sur le plateau, trois circassiens et deux musiciens live. Il y aura des tentatives frôlant l’absurde, des alliances et désaccords, des mains tendues et des croque en jambe. A chacun de trouver sa juste place guidé par un sens juvénile du défi.
Acrobatie, jonglerie, contorsion et musique live : tous les moyens sont bons pour ponctuer de percussion et pimenter d’onomatopées ce langage à trouver.
/ Production / Diffusion : Marion Lesort - La chouette diffusion
Coréalisation Espace Catastrophe, Centre international de création des arts du cirque, Théâtre Marni.
jongloic.com
La Cie Jongloic est née en 2013 sous l’impulsion de Loïc Faure. Jongleur-acrobate-au regard clownesque, homme de cirque et personnage de jeu, timide ou fou, drôle et décalé. Engagé... Avec plaisir ! Tel un « Cascadeur de balle » !
Il tourne avec le premier spectacle de la Compagnie Jongloic, depuis janvier 2015, un seul en scène intitulé « Hom(m) ». Formé à L’École Supérieure des arts du Cirque de Bruxelles, il a créé deux spectacles avec la Cie FeriaMusica, Infundibulum et Sinué puis rejoint la Cie Chaliwaté en 2014 pour créer le spectacle Jetlag.
Distribution
Acrobatie, jonglerie Loïc Faure : Acrobatie Daniel Esteban Lorenzo, Anna-Katharina Herkt / Chant, musique Oliver Thomas / Guitare Laurent Rousseau / Collaboration artistique Vital Schraenen / Scénographe/Designer Gilles Gardula / Création lumière, Régie Nicolas Diaz
Jeudi 8 novembre 2018,
par
Titiane Barthel
Think outside the box
Clos met en boîte au sens propre du terme trois acrobates accompagnés par deux musiciens, enfermés malicieusement dans une grande boîte en métal qui contient leurs corps, leurs rêves et leurs obsessions d’êtres humains. Un petit chef-d’œuvre qui va droit au cœur.
Pour Clos, l’ingénieux Gilles Gardula a construit une scénographie qui constitue une boîte dans une boîte : un premier espace clairement délimité constitue le terrain de jeu commun pour les acrobates et les musiciens, tandis que les uns se trouvent cachés dans une grande boîte en métal, entre le frigo et la cabine téléphonique, et les autres surélevés sur un podium. Peu à peu, la musique monte, les lumières baisse, et des balles de jonglage sans jongleur visible commencent à apparaître au-dessus de cette cage de métal. Un premier personnage apparaît, Loïc Faure, courant après ses balles pour les faire rentrer à nouveau dans la boîte. Puis c’est au tour de Daniel Esteban Lorenzo de faire sortir des ballons qu’il tente de faire rentrer de force dans la cage. Enfin, on voit Anna-Katharina Herkt s’échapper de la boîte et continuer ses contorsions au sol, telle un animal étrange échappé de son enclos. Voici les ingrédients de base qui vont se nouer et se dénouer pendant près d’une heure, avec toujours plus d’inventivité et de joie. Chacun·e de ses personnages va alors entreprendre non pas de s’échapper mais de démembrer progressivement la cage, ôtant chacune de ses portes pour ne laisser qu’un espace transparent et ouvert, un objet plastique métaphorisant parfaitement une liberté trouvée hors des cases.
Le mouvement ne s’interrompt jamais, de la ligne mélodique des musiciens aux balles qui dansent et tombent, des assemblages des corps des acrobates à leurs élévations et leurs torsions dans l’espace. Le plateau est exploité et balancé avec une grande intelligence, exploitant l’horizontale comme la verticale, jouant sur un corps voilé et dévoilé, souple ou tendu, libéré ou timide. Chacun des interprètes est porteur d’une grande singularité qui leur permet de se compléter les uns les autres, entre l’ouverture magistrale et souple d’Anna-Katharina Herkt, l’équilibre émouvant de Daniel Esteban Lorenzo, et la légèreté drôle de Loïc Faure, en complicité constante avec Olivier Thomas et Laurent Rousseau.
Aucun élément n’arrive là où on l’attend, et chaque geste, chaque note, chaque élan est habité d’une présence d’une grande qualité qui fait du plateau un espace où résonnent et se croisent les énergies projetées par les cinq interprètes. Dans un univers entre le dessin animé et le cartoon, chacun·e est prisonnier·ère de sa propre folie, et la transforme en espace de liberté et de joie, les uns grâce aux autres. Titubant au bord du vide ou rebondissant au sol, ces personnages en hyper-activité se déchaînent et transforment progressivement leur cage en agrès de cirque, en terrain de jeu pour ces enfants dans des corps d’adultes, libres de rêver et de se transformer au fil de chacun de leurs mouvements, de chacune des notes que composent avec humour et tendresse Olivier Thomas et Laurent Rousseau.
Mercredi 7 novembre 2018,
par
Didier Béclard
La joie en boîte
Issu d’un compagnonnage de deux ans avec l’Espace Catastrophe, « Clos » de la Compagnie Jongloic permet à Loïc Faure et à ses comparses de s’éclater dans un spectacle où le cirque est omniprésent.
Deux musiciens, tout de blanc vêtus – avec une pochette rose – sur une estrade à côté d’une armoire métallique haute de deux mètres cinquante, entament une douce mélopée. Apparemment cela jongle dans la cage, on voit des balles qui s’agite dans l’air. L’une d’entre elles s’échappe et tombe hors de l’armoire. Un homme en sort pour la récupérer. Puis, une deuxième, puis une énorme balle (genre gym ball). Mais comment remettre une grosse balle dans l’armoire quand on a besoin de ses deux mains pour l’escalader ? En s’y mettant à trois. Comment ramasser une balle au sol lorsque l’on a une autre personne sur les épaules ? Que peut-on faire avec une balle, même dégonflée ?
Tout ici est prétexte à jonglerie, acrobatie, portage, corps à corps, trapèze, mât chinois et même pole dance, toujours avec grâce et douceur, en particulier lors des figues acrobatiques pourtant très physiques, d’Anna-Katharina Herkt, entre autres. Le tout enveloppé dans une forme d’humour clownesque assortie d’une foule de surprises. Tout cela est très fort, très physiques, ils sortent leurs tripes à chaque fois, dans chaque numéro. Et la cage métallique même démontée, même renversée, ouvre à chaque fois un nouvel espace de jeu....
La Compagnie Jongloic est née en 2013 sous l’impulsion de Loïc Faure que l’on a vu, avec grand plaisir, notamment dans « Jetlag » de la compagnie Chaliwaté. Après « Hom(m) » en 2015 où Loïc Faure jonglait seul, il a opté pour un travail d’équipe se demandant ce qui se passe si on réunit cinq personnes dans une même boîte. Il répond (dans « Cirq en Capitale ») : « On peut y voir le reflet de notre société et de ses impasses. Mais on a plutôt eu envie d’y glisser un ingrédient majeur : la joie ! Le cadre que l’on se donne devient un terrain de jeu où toutes les interactions, comiques et ludiques, sont permises. »