Michel Dezoteux, que vous connaissez depuis longtemps, a mis en scène cette pièce de Molière, au travers d’une adaptation libre comique et moderne…
Votre motivation principale a-t-elle été de jouer sous sa direction ou d’avoir l’occasion d’interpréter Arpagon ?
Les deux ! On s’était dit avec Michel qu’on se retrouverait, qu’on ferrait un bout de vie séparé et puis qu’un jour on se retrouverait…
Il était mon professeur a l’INSAS et on a beaucoup joué ensemble quand j’en suis sorti.
Et puis Arpagon, c’est sûr il y avait un bout de temps que j’avais envie de le dépoussiérer.
Après avoir joué tant en Belgique qu’à Paris avec des metteurs en scène de renom, vous revenez jouer au Varia, y a t-il une volonté de votre part de vous replonger dans vos origines théâtrales ?
En fait je ne suis jamais vraiment parti j’ai joué une création ici l’an passé.
Je trouve ça assez gai de voyager et j’essaie de revenir quand je peux.
Comment abordez vous la prise en charge d’un rôle titre, est-ce une pression supplémentaire ? Se sent-on un rôle moteur au sein du groupe ?
Oui, parce que le rôle est plus lourd… ici, si on est mauvais, le spectacle est mauvais. Si c’est un rôle secondaire, les autres comédiens peuvent le tirer vers le haut. Là si je suis mauvais j’entraîne tout le monde dans le truc, c’est ça qui est effrayant…
On a vu dans la pièce tout un travail sur le corps. Part-il d’une volonté du metteur en scène ou est–ce une proposition de jeu qui caractérise votre travail de comédien, peut être dû à votre formation de mime ?
Michel n’est pas un metteur en scène directif, il fait en fonction de la pâte humaine. Normalement chacun doit faire un trajet pour se rencontrer, enfin à mon avis. Pour ce qui est des mouvements, ça c’est « mon truc a moi !!! » Et parce que je n’ai pas l’âge du rôle j’ai plus de liberté et puis avec Molière ça va ça passe.
Votre part d’improvisation dans la pièce évolue t-elle en fonction du public ?
Oui parce que c’est plus vivant. Si les gens réagissent on doit tenir compte de leurs réactions, et puis « c’est pas parce que Molière est mort que son théâtre est mort ».
Dans la distribution, on remarque une liberté corporelle et un investissement physique dans le jeu des comédiens quasi tous issus de l’INSAS. Cela représente t-il une ligne directrice dans l’enseignement de cette école ou d’ailleurs Michel Dezotteux et Anne- Marie Loop sont professeurs ?
Ce n’est pas une signature, je ne pense pas.
Après peut être que Michel a voulu travailler avec des gens comme ça. Ce n’est pas facile pour moi d’en parler parce que je n’ai pas fait d’autres écoles, je n’ai pas assez d’éléments pour juger, c’est peut être plus une tournure d’esprit qu’un travail sur le corps.
Mais cette envie de m’exprimer par le corps c’est un rêve que j’ai depuis bien longtemps avant l’INSAS.
On ne vous avait plus vu sur les planches depuis quelques temps, souhaitez vous maintenant poursuivre votre carrière de comédien au cinéma ?
Oui, pour avoir un jeu plus sobre, parce que j’en ai besoin, c’est peut être un manque que j’ai en moi ou je dois travailler et puis ça me plait d’aller dans cette direction. Le fait de jouer comme je le fais là ne passe pas au cinéma. « Le muet n’existe plus ! » (rires) pour des personnages comme ça il faut une condition bien particulière, mais ça m’est arrivé de vraiment m’amuser en jouant de cette manière, dans des courts métrages parce qu’on est « hors réalité », le temps raccourci permet davantage de liberté à tous les niveaux, peut être un jour je me lancerai aussi dans cette direction.
Vous étés actuellement à l’affiche au cinéma dans le film « Tout pour plaire » de Cécile Telerman, et on pourra aussi vous voir en septembre dans le premier film de Shirley et Dino.
Avez vous d’autres projets en cours ?
La saison prochaine je reprends « Musée haut, musée bas » de Jean Michel Ribes mis en scène par lui au théâtre du rond point à Paris, où j’ai déjà joué avant l’Avare. Ensuite je vais jouer dans le premier film de Shirley et Dino que je connais depuis très longtemps, j’avais joué dans leur cabaret, là j’ai un gros rôle je vais jouer un mafieux, et puis après une création avec Daniel Mesguish au théâtre du rond point. Puis dans un an on reprend l’Avare en tournée !
Pensez vous à la réalisation ou à la mise en scène ?
Non, j’aime jouer, j’aime beaucoup trop jouer ! Pas pour le moment en tout cas je n’y ai pas encore pensé.
Propos recueillis par Anne Antoni, Elfie Dirand, Manuel Harauchamps et Alexandre Lévy
Photos : Danièle Pierre.