Dès l’ouverture, tout indique le récital. La scénographie est épurée à l’extrême : une table, une chaise, un long imper qui cache un costume gris. C’est très clairement un spectacle de déclamation, qui vise à faire entendre un texte, une littérature. La lumière, neutre et relativement serrée, participe également au style. L’intention est limpide : Michel Voïlta veut servir le texte, autant dans le sens de "se mettre au service de" que dans celui de "donner à entendre". Purement et simplement. Et le pari est réussi : la prose est enivrante, le lyrisme, envoûtant. Le public est submergé par la langue de Camus, riche, sensible et contemplative.
A ce titre, cela en fait un spectacle assez intellectuel. Si vous n’avez pas lu l’oeuvre, ou tout au moins si vous ne savez pas qui est Camus, le spectacle devient rapidement obscur : difficile de ne pas se perdre dans les descriptions et les éléments évoqués, avec une contextualisation parfois insuffisante et sans support visuel.
Malgré cela, le rythme et la diction du comédien soutiennent à merveille la beauté du texte. Et se perdre dans les méandres de cette mélopée devient presque un plaisir. Le public reste suspendu aux lèvres de récitant, comme hypnotisé par la force des images convoquées.