Cabaret du bout de la nuit

Théâtre | Théâtre National Wallonie-Bruxelles

Dates
Du 4 au 14 novembre 2014
Horaires
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+32 2 203 41 55

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Cabaret du bout de la nuit

Nous sommes à la Belle Epoque (1879-1915). L’Age « d’or », dit-on. Entre prospérité, insouciance, foi dans le progrès et foisonnement artistique. Mais derrière les couleurs vives du music-hall, les révolutions technologiques (l’électricité, la radio, l’automobile…) et les différentes avancées sociales se cachent aussi d’autres réalités, nettement plus sombres : la Grande Guerre, la xénophobie, le sexisme, le nationalisme, le colonialisme… que ce Cabaret du bout de la nuit, particulièrement bien documenté, va mettre en lumière avec une liberté de ton, d’esprit et de mouvement.

Conception : Axel De Booseré & Maggy Jacot
Création : Compagnie POP-UP
Du 4 au 14 novembre à 20h15, les mercredis 5 et 12 novembre à 19h30, le dimanche 9 novembre à 15h, relâche le lundi 10 et le mardi 14 novembre, au Théâtre National
Prix : 19 € - 15 € - 10 €

Réservation : 02/203.53.03

Casting Conception : Axel De Booseré & Maggy Jacot | Direction musicale : Marc Hérouet | Espaces sonores : François Joinville|Eclairages : Gérard Maraite | Scénographie-costumes : Maggy Jacot | Chorégraphies : Darren Ross | Assistanat à la mise en scène : François Bertrand | Assistanat à la scénographie : Rüdiger Flörke | Réalisation des accessoires : Marie-Ghislaine Losseau, Nelly Wullaer | Vidéos : Joachim Del Puppo | Avec : Mireille Bailly, François Bertrand, Didier Colfs, Isadora De Booseré, Bruce Ellison, Fabian Finkels, Ambre Grouwels, Jean-Luc Piraux | Musiciens : Piano – clavier – accordéon – percussions :Marc Hérouet | Batterie – percussions : Jean-Luc Vanlommel|Trompette – chœurs : René Desmaele | Saxophone – clarinette : Pierre Spataro | Basse électrique et acoustique : René Stock |Création : Compagnie POP-UP | En coproduction avec : le Théâtre de Liège, le Théâtre National/Bruxelles, les Théâtres de la Ville de Luxembourg | Avec l’aide de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Service du Théâtre | Photos de spectacle © Lou Hérion - Photo/Illustration : © Martin Pierlot | Durée : 1h40.

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3 Messages

  • Cabaret du bout de la nuit

    Le 9 novembre 2014 à 05:58 par loulou

    Magnifique spectacle théâtral et musical qui évoque le Belle Epoque et la guerre 14-18.
    C’est avec un immense plaisir que l’on retrouve Axel De Booseré et sa compagnie.
    Bravo aux comédiens-chanteurs avec une mention particulière pour Fabian Finkels.
    On rit, on est ému .
    A voir.

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  • Cabaret du bout de la nuit

    Le 19 novembre 2014 à 02:35 par babou39

    Je suis restée plutôt perplexe devant ce spectacle... Les musiciens sont très bons, les chanteurs également (à part un manque de justesse à certains moments) et la mise en scène bien pensée. Je n’ai pas vraiment apprécié le "surjeu" des acteurs lors de leur reprise de "On purge bébé"...

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Mercredi 12 novembre 2014, par Jean Campion

Un Miroir aux alouettes

Une horloge, dont les aiguilles tournent à l’envers, des bribes de journaux parlés nous font remonter le temps. Jusqu’en 1910. Pas pour assister à une reconstitution historique de la Belle Epoque. L’ambition de Maggy Jacot et d’Axel De Booseré, qui ont concocté ce "Cabaret du bout de la nuit", est avant tout artistique. Cependant ce collage pertinent et astucieux de chansons, de monologues et de scènes de vaudeville remet en lumière la cruauté d’une société injuste et la capacité de l’homme à avancer, les yeux fermés, vers une catastrophe annoncée.

D’emblée, les auteurs de cette fresque musicale et théâtrale affichent leur volonté de mettre en valeur l’opposition des styles. Romance pleine de grâce, "Reviens, veux-tu" passe le relais aux polissonneries cocasses des "Amis de monsieur". C’est l’amorce d’une farandole de chansons centenaires, qui nous permettent de prendre le pouls d’une époque. Protestations (en wallon sous-titré, sur calicot) contre le travail des enfants dans les mines, coups de gueule de mendiants qui font la manche, drame de l’orphelin de guerre mais aussi ragtime reflétant l’énergie bouillonnante des U.S.A. Des sujets souvent douloureux traités avec conviction ou un humour débridé. Témoin, cette "Hirondelle des faubourgs". Pauvre orpheline poignardée, qu’une équipe médicale farfelue entraîne dans un ballet délirant.

"A la Martinique" et "A la cabane bambou", chansons "exotiques", laissent percer le racisme ambiant. Et le ton devient encore plus grinçant dans les scènes d’"On purge bébé". Créé en 1910, ce Feydeau, qui sert de fil rouge, est joué dans un style burlesque. Didier Colfs et Mireille Bailly s’en donnent à coeur joie, pour souligner la prétention stupide, la mauvaise foi et l’autorité impuissante d’un couple explosif. Sourds aux bruits de bottes, ces bourgeois enrichis ne songent qu’aux affaires. Follavoine rêve d’un contrat juteux avec l’armée : s’il pouvait devenir son fournisseur exclusif de pots de chambre !

Juché sur une tribune ambulante, Jean-Luc Piraux souligne l’inégalité des sexes, en stigmatisant l’hystérie et l’épilepsie utérines. Inspiré des théories du professeur Charcot, ce discours effarant nous amuse par son machisme ridicule, mais révèle également la volonté d’étouffer toute émancipation féminine. Il faut vivre "à l’abri de ce vent libertaire d’hystérie". Une des rares allusions précises à la Grande Guerre, tirée du "Voyage au bout de la nuit", est glaçante. D’une voix nostalgique, un poilu chantonne la "Complainte de Saint Nicolas", puis nous fait basculer du saloir du boucher à l’horreur de la boucherie. Fabian Finkels vit ces paroles de Céline avec une intensité poignante.

Axel De Booseré et Maggy Jacot ont joué la carte de la diversité, en habillant sur mesure chaque numéro. Cependant, ils titillent aussi constamment notre curiosité par des trouvailles. Comme cet enchaînement hilarant : les yeux braqués sur les pots de chambre en miettes, nous observons la déconfiture de Follavoine. C’est alors qu’une voix d’opéra entonne "Le Vase brisé", où Sully Prudhomme exprime son chagrin d’amour. Les auteurs de ce spectacle enthousiasmant ont pu s’appuyer sur le talent et la complémentarité de sept comédiens-chanteurs et de cinq musiciens, dirigés par Marc Hérouet, qui a intelligemment trié et revisité ces musiques de la Belle Epoque. Grâce à cette équipe très professionnelle, ils ont privilégié le plaisir du spectateur, qui passe du rire à l’émotion. Sans didactisme, ils nous invitent aussi à une réflexion sur la politique de l’autruche. Les couleurs de ce cabaret, qui s’assombrissent progressivement, suggèrent un péril de plus en plus imminent, auquel on se refuse de croire. Aujourd’hui, les sociétés en crise, les menaces qui pèsent sur la planète provoquent des réunions stériles. Comment, dans un siècle, nos descendants nous regarderont-ils ?

Théâtre National Wallonie-Bruxelles