Ca ne se fait pas

Théâtre | Théâtre des Martyrs

Dates
Du 9 avril au 3 mai 2008
Horaires
Tableau des horaires

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billetterie@theatre-martyrs.be
+32 2 223 32 08

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Ca ne se fait pas

De Patrick Dieleman
Mise en sène : Jean-François Politzer
Avec : Alexandre von Sivers, Catherine Grosjean

Pourquoi les acteurs sont–ils en scène et les gens les gens dans la salle ? Et pourquoi sommes-nous au monde de toute façon ? Si le monde entier est une scène et que chacun dans sa vie joue plusieurs rôles, rien de plus pertinent que ce genre de question : « Ca ne se fait pas ? ». Une désopilante mise en abîme, des dialogues percutants, des situations d’une dérision absolue. Une histoire qui ne se noue pas et des personnages qui n’ont pas envie d’être en scène… ça ne se fait pas !

Un spectacle de Lapsus asbl.

Du 9/04 au 3/05/2008 - les mardis à 19h, du mercredi au samedi à 20h15
Les dimanches 13 et 27/04 à 16h

Réservation : 02/223 32 08

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Mardi 15 avril 2008, par Jean Campion

Et pourquoi pas ?

Prenant le contre-pied de "ce qui se fait" habituellement au théâtre, Patrick Dieleman a élaboré, avec ses partenaires, une pièce déconcertante sur la tentation du renoncement. Ce spectacle, qui naît sous nos yeux , séduit par sa souplesse, son ironie douce-amère et la subtilité avec laquelle le héros désabusé amène le spectateur à s’interroger sur son destin.

Engoncé dans un manteau royal, défraîchi, Alexandre von Sivers marmonne des répliques de Shakespeare, en marchant d’un pas hésitant. Et tout à coup, l’air mortifié, il lance : " Non, ça suffit ! Partez...s’il vous plaît ". Après trente ans de métier, le comédien en ras le bol du public assoupi, des appréciations de ses performances et de l’exploitation des chefs-d’oeuvre intouchables. Il s’apprête à quitter la scène, quand la voix rageuse d’une jeune fille le cloue sur place. Celle-ci singe ses paroles et se révolte contre cette démission capricieuse. Pour pouvoir jouer dans un "beau" théâtre, elle en a bavé. Les castings à la chaîne, les animations commerciales, les figurations humiliantes, elle connaît ! Alors, pas question de déserter !

Avec opiniâtreté, elle va tenter de rendre au comédien déprimé son humour et son envie de jouer. Leurs échanges parfois grinçants sur la vie, les conventions sociales et les thèmes porteurs au théâtre composeront un spectacle éclaté, de plus en plus attachant. Après s’être défoulé en "dansant" une tirade du "Cid" sur un rythme endiablé, Alexandre von Sivers se laisse entraîner dans l’interprétation de séquences, qui révéleront progressivement les liens étroits entre les deux partenaires. Ces ébauches de scènes font remonter à la surface des souvenirs intimes. L’acteur vieillissant revoit la froideur de sa mère, la disparition brutale d’un ami, l’appel de la mort et découvre la fascination, qu’il a exercée sur la jeune comédienne, incarnée avec énergie et ferveur par Cathy Grosjean.

Le naturel manifesté par Alexandre von Sivers est remarquable. Débarrassé de ses oripeaux de théâtre, il ne donne jamais l’impression de représenter la création d’un auteur. Il EST cet acteur tenté de jeter l’éponge, drôle par son sens de la dérision et émouvant par sa pudeur.
On le ressent dans les critiques acerbes des réjouissances organisées. Dans les réflexions amères sur son métier. Comme dans la litanie mélancolique des comédiens belges disparus.

Cette présence authentique favorise la complicité et l’implication du spectateur. Il n’écoute pas le récit d’une histoire bien ficelée, mais se sent concerné par la remise en question de cet homme démotivé. Si le comédien retrouve le goût de vivre et le chemin de la scène, c’est grâce à la richesse de rencontres humaines. Leçon à méditer pour jouer les nombreux rôles, que la vie nous propose.

Théâtre des Martyrs