CINQ FILLES COULEUR PECHE
CINQ FILLES COULEUR PECHE – Alan Ball
Cie Biloxi 48
Au Théâtre de la Place des Martyrs - Grande salle
Du 16/03 au 09/04/2011 - Dimanches : 20/03 et 03/04
Cinq demoiselles d’honneur engoncées dans leurs robes couleur pêche, qui se sentent plus proches de la meringue que de la star de cinéma, sont réunies dans l’ancienne chambre de jeune fille de la mariée. Une jolie bonbonnière, plutôt boîte de Pandore, d’où finiront par sortir tous les mots de la Terre ! Entre coups de griffe et caresses, on apure quelques vieux comptes et on n’en finit pas d’espérer. Des répliques toniques et drôles sont menées à un rythme très soutenu. Les cinq femmes forment le contre-point insolent à la réception de mariage conventionnelle qui se déroule « hors-scène ».
« Cinq filles couleur pêche » est une comédie dynamique, cruelle et caustique, signée par Alan Ball, le scénariste du film « American Beauty » et de la série « Six Feet Under ». Avec son ton cru et désinvolte, cette comédie reflète les obsessions amoureuses d’une génération de filles. On entrevoit leurs illusions, elles exposent leurs désillusions, leurs contradictions et leur quête obstinée du bonheur, de l’amour. Alan Ball dresse une critique acerbe et drôle d’une société américaine féminine qui oscille constamment entre puritanisme et pornographie. Le champagne et le pétard aidant, le vernis craque pour nous dévoiler la prison intime dans laquelle elles se débattent. Les portraits sans concession qu’Alan Ball fait de ces personnages nous touchent et nous amusent. Pour leur donner vie et chair, il faut de grandes actrices : Valérie Bauchau, Stéphanie Blanchoud, Karin Clercq… Ces femmes, au-delà de leurs différences, se rejoignent sur un point : elles ont toutes un irrépressible besoin d’être aimées.
Traduction : Anny Romand et Yvon Marciano
Avec Valérie Bauchau, Stéphanie Blanchoud, Karin Clercq, Sandy Duret, Michelangelo Marchese et Laura Vossen.
Mise en scène et scénographie : Christine Delmotte
Eclairages et scénographie : Nathalie Borlée
Costumes : Cathy Peraux
Assistant mise en scène : Julien De Visscher
L’Auteur est représenté dans les pays de langue française par l’Agence MCR, Marie Cécile Renauld, Paris.
Mardi 22 mars 2011,
par
Catherine Sokolowski
Dans les coulisses d’un mariage
Sollicitées comme demoiselles d’honneur pour un mariage, cinq amies partagent leurs vécus et sentiments dans l’ancienne chambre de la mariée. Cinq caractères bien trempés, de l’écorchée à la lesbienne en passant par la catho, la ronde et la blasée, toutes évoquent leurs expériences sentimentales, les liens qui les unissent et surtout leur rancœur vis-à-vis de la gente masculine. Rythme soutenu et confidences touchantes, ces demoiselles nous séduisent.
Scène à l’allure de grande chambre à coucher, demoiselles déguisées en bonbon rose, le spectateur s’intègre facilement à l’ambiance feutrée et accueillante. Très différentes, elles préconisent la tolérance et tentent de se comprendre. Toutes amoureuses du même homme, elles constatent amèrement qu’elles l’ont partagé. Evoquant beaucoup de sujets, elles donnent leur vision d’une société américaine à la fois puritaine et débridée (scénario d’Alan Ball, auteur d’American Beauty).
Georgia (Laura Vossen), dans le rôle de la ronde, spécialiste des répliques cinglantes, donne un rythme très soutenu à l’ensemble des échanges. Julia, alias Valérie Bauchau, pilier du groupe, semble n’avoir plus aucune illusion sur le sexe masculin. Elle a tout essayé et dispense des conseils éclairés à ses amies. Margaret (Stéphanie Blanchoud) est au plus mal. Anticonformiste, elle ne supporte ni sa mère, ni sa robe, ni l’idée qu’un garçon ait profité de sa candeur quand elle avait 12 ans. Quant à Brenda (Karin Clercq), elle intervient assez tardivement et propose une vision différente dans un rôle de lesbienne attachante. Frances (Sandy Duret) est éclairée par Dieu, mais parfois titillée par le diable. Jouant sur l’excès, son amour pour la religion donne une petite touche ridicule et sympathique à son personnage.
Dans une ambiance de comédie américaine, agréable moment en perspective que ce partage d’expériences, superbement interprété et brillamment mis en scène par Christine Delmotte. Un spectacle à la fois délassant et dénonciateur.
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