Le lit de mort, les gerbes de fleurs, les dominances de mauve et de bordeaux, tout laisse croire que l’heure est au recueillement et à la nostalgie. En effet, Ciccio vient de quitter sa famille à la suite d’un arrêt cardiaque douteux. Ses proches, son compagnon, son frère, sa belle-sœur, sa sœur, son beau-frère sont à son chevet pour un dernier au revoir.
Mais très vite, que le spectateur ne s’y trompe pas, les supposées larmes laissent place tantôt au sourire, tantôt au rire.
Effectivement, entre les souvenirs du passé, les blagues à deux sous du beauf lourd et ringard, les secrets de famille, le carrelage Bello, les règlements de compte, l’hystérie de conversion de la belle-sœur homophobe pseudo italo-flamande, les démos de zumba de Silvana ou les crises de larmes de l’homo artiste contemporain frustré, le spectateur n’a pas le temps de déprimer.
Ces quelques lignes laissent d’ailleurs entrevoir toute la mixité, à la fois culturelle et comportementale, des personnages, et surtout leur excentricité. Chacun, à sa manière, participe à l’euphorie du spectacle.
Un coup de chapeau peut toutefois saluer les prestations de Laurence Bibot (Nancy, la belle-sœur) et Frédéric Nyssen (Eric, le beau-frère) qui, bien que singuliers, sont tout aussi déjantés.
L’originalité de cette pièce tient à la place du mort : bien qu’il soit décédé, Ciccio n’en demeure pas moins un personnage principal bien vivant ! A la manière d’un arrêt sur image, il devient l’interlocuteur privilégié du public pour ce qui est des précisions, descriptions, anecdotes.
Toute cette folle comédie tourne autour d’une intrigue liée aux circonstances mystérieuses du décès du bambino ; intrigue qui maintient la curiosité du public jusqu’à la dernière minute.
Dans cette création, Sébastien Ministru aborde en outre des sujets originellement graves tels que la mort, le racisme, l’homophobie mais en faisant le choix d’utiliser un ton léger, drôle et dérisoire, le spectateur retient principalement, de cette soirée, un souvenir agréable !
12 Messages