La légende a plus de 20 ans. Elle raconte l’histoire d’un personnage de théâtre imaginaire qui est impatient de rencontrer son auteur et son acteur pour naître au monde. Le voilà soudain qui crève le rideau et toute notion de logique. Et atterrit sans ménagements dans la dure réalité. Du théâtre ou de la vie ? Les abonnés au non-sens, réveillez-vous, vous aurez la part qu’il convient de rire incompressible et de compassion immense pour ce personnage si dérisoire et si humain ! Il y a aussi le machiniste des lumières qui ne cesse d’intervenir en paroles muettes, comme à une répétition. Un allumeur de réverbères ? Une chose est sûre, le régisseur n’a rien d’un "deus ex machina". Au contraire, le pauvre André est assailli d’injonctions contradictoires ! Andros... l’homme ?
L’acteur impuissant et terrifié se réfugie dans sa réalité : un petit coussin, son doudou d’enfance que le personnage envoie par-dessus bord à la moindre occasion ! Enfant, dîtes-vous. C’est bien de l’imaginaire de l’enfant qu’il s’agit ! Le personnage derrière le personnage imaginaire, derrière l’auteur, derrière l’acteur est un clown, sorte d’enfant éternel dans ses 6 ou sept ans. Juste avant que l’âge de raison ne cueille sa fraîcheur et son innocence. Homme, petit homme, "Homme, tu es tout petit, petit homme, ta tendresse a raison, ta raison n’atteint pas le haut de tes trois pommes" I love you ! D’un balai, il a fait une rapière !
Petit homme… Il affronte vaillamment d’autres personnages imaginaires, joue aux cartes avec le roi Lear, rencontre peut-être Maeterlinck au bord des limbes, mais ne dit rien à ce sujet. Va fièrement donquichotter le hasard, rencontrer le temps – Maeterlinck, encore ! L’Amour aussi, tant qu’à faire ...et sept milliards d’êtres humains réunis sur une même scène, l’instant d’une performance inédite et d’une pièce unique dans l’histoire du théâtre.
Eve Bonfanti et Yves Hunstad, auteurs-comédiens singuliers sont bouillants d’humour à chaud et de finesse. « On vous expliquera après le spectacle », répète l’homme qui a caché ses boucles sous une coiffe moyenâgeuse, à la dame du troisième rang qu’il n’a de cesse de taquiner ! Comme Raymond Devos ? Pouquoi une dame, d’ailleurs ? On l’attend le comédien, avant le spectacle, de longues minutes, presque trois quarts d’heures, rôdage du nouveau théâtre Saint-Michel oblige..., on leur pardonne, c’est leur spectacle d’inauguration. Et il finit par venir, à coup d’applaudissements, comme une vedette attendue. On l’attend aussi après le spectacle, puisqu’il avait donné rendez-vous à la dame du 3e rang ! Il se passe de longues minutes, presque trois quarts d’heures, mais il ne viendra pas. Quelques mots à Eve Bonfanti, et les voilà repartis pour d’autres tournées... On emporte avec soi les fils précieux de l’illusion théâtrale et le souvenir d’un cadeau ingénu, jeté à tous vents.
Un spectacle à résonnance poétique universelle qui n’a pas vieilli d’un cheveu ! Vous aurez raison d’y aller ! Et peut-être de devenir fan vous-même !