L’excès d’investissement au travail est souvent doublé d’une vie privée millimétrée. Comment combiner les enfants et leurs activités, les courses, les repas et toutes les tâches ménagères indispensables avec un travail harassant ? Les témoignages recueillis par Laurence Vielle font froids dans le dos.
Quand le lundi, « ça va comme un lundi » et le vendredi, « ça va comme un vendredi », en fait, plus rien ne va ! La souffrance et le chagrin s’installent : « dans le travail, l’affect a toute sa place ». La voix off de Laurence Vielle, mécanique et artificielle, décrit l’enfer que vivent certains travailleurs tandis que Julien Fournier traduit cette pression en déplaçant des caisses en carton à une cadence effrénée tout en parcourant un plan incliné avec agilité. Le spectacle est aussi très esthétique, notamment lorsque les caisses se transforment en gratte-ciels, grâce à l’appui de la vidéo de Yannick Jacquet.
Le public est conquis, quelqu’un se charge d’exprimer tout haut ce qu’il pense tout bas : pourquoi se tuer au travail ? Le contraste entre la poésie du spectacle et son contenu fonctionne très bien, quel meilleur moyen d’exprimer un ras-le-bol ? Un spectacle court (une cinquantaine de minutes) qui permet de découvrir un autre volet de la magie du cirque belge dont on ne peut qu’être fier. Auteur, scénographe et interprète, Julien Fournier propose une œuvre intelligente et sensible : si votre travail vous le permet (!), prenez donc le temps d’y assister.
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