Le trac, généralement associé à l’artiste sur scène, est pourtant omniprésent à tous les stades de la vie. C’est ce trac-là que Bruno Coppens a donc décidé de traquer dans son nouveau seul en scène. Le trac du commun des mortels, celui des premières fois : le premier rendez-vous, le premier baiser, et même le premier homme sur terre. Mais aussi, et surtout, le trac du public, plongé dans le noir, entouré d’inconnus avec lesquels il doit partager un accoudoir minuscule.
Le corps caché derrière un paravent – celui de sa loge installée sur scène – le comédien nous offre ses conseils pour devenir « décontraqués » en incarnant des personnages variés dans des situations presque inimaginables tant elles sont hilarantes. Chaque saynète s’enchaîne à un rythme effréné, sur fond de calembours toujours plus intelligents et originaux.
Mais l’originalité ne se trouve pas que dans le texte. Si la mise en scène d’Eric de Staercke est épurée, elle n’en est pas moins efficace et stimulante. Laissant le champ libre à l’imagination, le simple paravent faisant office de décor devient tour à tour une montgolfière, des ailes d’oiseau ou encore la tribune du Pape, au rythme des transformations de Coppens, qui semble s’amuser autant que le public. L’artiste poussera même la chansonnette dans un slam enflammé que le public reprendra en choeur. Enfin, Coppens démontrera une fois de plus l’étendue de ses nombreux talents en s’engageant dans une improvisation impressionnante.
Le spectacle se transforme alors en une véritable vitrine de ses capacités artistiques. Dans Trac !, l’intelligence côtoie l’humour avec une simplicité déroutante. Les mots s’accordent, se transforment, se désaccordent dans l’unique but de faire rire. La recette fonctionne à merveilles, si bien que le temps semble filer à la même allure que les rires fusent. La traque fonctionne donc très bien : le public en sort... détraqué.