Botala Mindele

Bruxelles | Théâtre | Le Rideau

Dates
Du 12 septembre au 14 octobre 2017
Horaires
Tableau des horaires
Rideau de Bruxelles @ Théâtre de Poche
Chemin du Gymnase, 1A 1000 Bruxelles
Contact
http://www.rideaudebruxelles.be
contact@rideaudebruxelles.be
+32 2 737 16 00

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Botala Mindele

C’est le soir. Il pleut. À Bruxelles ? Non, à Kinshasa. Ruben et Mathilde ont invité Daniel et Corine à dîner. Ruben fait des affaires avec le gouvernement congolais. Daniel a un projet qui concerne le caoutchouc. Il espère que Ruben pourra le mettre en rapport avec le ministre compétent.

Après Occident, Frédéric Dussenne revient à l’écriture impitoyable de Rémi De Vos qui nous livre un huis clos tropical cauchemardesque sur fond de néo-colonialisme en pleine débandade. Derrière cette farce aux dialogues cinglants, il y a le désarroi de l’homme blanc face à cette Afrique qui n’a plus besoin de lui, représentée ici par la sensualité électrique des deux jeunes domestiques.

Production Rideau de Bruxelles / L’acteur et l’écrit - Compagnie Frédéric Dussenne / Théâtre de Poche / Atelier Théâtre Jean Vilar (LLN) / Théâtre des Célestins (Lyon, France) / Théâtre de Liège. Avec le soutien du Théâtre des Osses (Fribourg, Suisse).

Rencontres JE 21 septembre et JE 05 octobre - après le spectacle.
Avec Rémi De Vos et l’équipe du spectacle.

Distribution

Écriture Rémi De Vos
Dramaturgie et mise en scène Frédéric Dussenne [artiste associé]
Avec Priscilla Adade, Valérie Bauchau, Stéphane Bissot, Ansou Diedhiou, Philippe Jeusette, Benoît Van Dorslaer, Jérémie Zagba.

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5 Messages

  • Botala Mindele

    Le 17 septembre 2017 à 00:38 par Wauthier Martine

    Botala Mindele. Quelle justesse, quelle magnifique interprétation. On n’est plus au théâtre, ils nous emmènent dans ce qui nous paraît la réalité. Bravo.merci de ce cadeau.

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  • Botala Mindele

    Le 18 septembre 2017 à 19:13 par C. ThéO

    Peut mieux dire , le mot JUSTESSE résume à lui seul la palette de jeu des comédiens, de TOUS les comédiens, le décor, la scénographie, ... un Philippe Jeusette comme on adore ’en forme, en voix’. Pas un seul moment le rythme ne tombe, nous sommes suspendus à leurs lèvres, à leurs répliques parfois cinglantes, cyniques... un pur moment de régal !

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  • Botala Mindele

    Le 20 septembre 2017 à 19:14 par CORL

    Cynisme, humour ... noir, un cocktail de répliques qui nous régale du début à la fin. Un whisky par ci, par là, un Philippe Jeusette tout en éclat, éclats de voix. Voix haute, voix basse, chaque comédien.ne donne la note, nous sommes frappés par la justesse de leur mots, leur silence, leurs cris.
    Trois couples, 6 comédiens, bien davantage de possibilités.

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  • Botala Mindele

    Le 12 octobre 2017 à 23:31 par Aurelia

    http://poche.be/spectacle/botalamindele

    Ok, on va faire simple : l’Europe, entre autres pays "civilisés" pille l’Afrique depuis longtemps, pompe les richesses matérielles, les matières premières et nécessaires à la survie d’un peuple, ainsi que leur dignité et commet des actes atroces, au nom de l’argent. Tout le monde le sait, non ? Bon ! Ces mêmes pays civilisés s’étonnent ensuite du retour de flamme du feu qu’ils ont eux-mêmes allumé : immigrations de masse etc. Tiens, c’est vachement et tristement courant mais ça brûle d’actualité ça, non ? Alors, ok : nous ne sommes pas tous ces pays pilleurs et mal intentionnés. Nous sommes, avant tout, des individus et nous n’avons pas à porter la culpabilité des "quelques" êtres horribles qui ont provoquer ces dégâts, d’accord. Il ne s’agit pas de condamner qui que ce soit. Ceci dit, nous ne sommes non pas coupables mais responsables de nous-mêmes et de ceux qui nous entourent. Nous faisons partie de cette humanité. Nous avons le pouvoir de faire changer les choses. Et non, ce n’est pas uniquement la responsabilité des politiques. Nous pouvons faire de la "politique" dans notre manière de vivre : manger est un acte politique, dire bonjour à son voisin, recréer du lien est un acte politique, consommer est un acte politique, choisir sa banque et son fournisseur d’électricité est un acte politique, s’informer à la source, sensibiliser, écouter, donner du temps ou de l’énergie, planter une graine au propre comme au figuré, faire réfléchir, lire, entretenir son potager, prendre soin de soi, évoluer, se remettre en question sont des actes politiques, c’est-à-dire engagés. S’engager vers l’autre, vers celui qu’on a détruit, vers soi-même et vers les autres qui ne sont que d’autres nous-mêmes. faire du théâtre orienté est un acte politique. Nul besoin d’être "intellectuel" pour faire de la politique et chacun peut agir selon ses moyens. Chaque acte compte. Et quand ce théâtre donne la parole aux oppressés, les oppresseurs que nous sommes comprennent et réalisent d’autant mieux les choses que nous savions déjà mais que nous ne regardions qu’à travers le prisme déformé des médias politisés. Quand le texte et les comédiens nous percutent par leur simplicité de jeu épuré et naturel. Quand une phrase est lâchée comme une bombe qui retentit dans le silence de nos consciences, cela a d’autant plus d’impact. Le rire n’est là que comme soupape de décompression et nous ne sortons pas de là avec les pieds de plombs. Un système s’écroule, d’autres puissances économiques nous succéderons pour le pillage de des pays pus démunis. Et nous, avec notre fric qui ne vaudra bientôt plus rien, que nous restera-t-il ? Notre système s’écroule, pour en recréer un nouveau, un meilleur, si et seulement si nous le voulons et nous agissons maintenant ! Tout est encore possible. Rattraper le système obsolète, non. Mais en réinventer un autre plus adapté à notre bien-être,oui. A condition d’oser se retourner vers soi-même.En lingala, "Botala Mindele" signifie "Regarde l’homme blanc". Alors rapprochons-nous de notre âme, de notre cœur. A l’entrée du Théâtre de Poche, une tente sous un abri, un réfugié y dort. A l’accueil, une tirelire pour cette cause humanitaire. Y déposer une pièce est un acte politique. Courrez-y ! Jusqu’au 14/10 seulement !! ;-) MERCI ! <3

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Lundi 18 septembre 2017, par Jean Campion

La Page se tourne...

"Le côté burlesque, vaudevevillesque de la situation qui s"emballe apparait spontanément dans mon écriture." Rémi De Vos ne prise pas le comique de "bons mots", mais celui de "la mécanique folle", qui vous fait perdre pied et vous plonge dans l’absurde. Dans "Alpenstock" (2002), il ridiculise les préjugés xénophobes et le refus d’une société multiculturelle, en entraînant ses héros dans un cauchemar loufoque. "Botala Mindele" est aussi un vaudeville violent et révélateur : l’homme blanc doit constater qu’il est en train de perdre la partie. Pris au piège du néolibéralisme, il ne peut plus se faire d’illusions.

Installé en Afrique depuis trente ans, Ruben traite des affaires avec le gouvernement congolais. Ce soir, il épie l’arrivée de Corine et Daniel. Agacé par leur ponctualité suspecte, il cherche le moyen de les piéger. S’il a invité ce couple, c’est pour aider Daniel à concrétiser son projet d’exploitation du caoutchouc, mais c’est surtout pour se payer leur tête. Dans l’esprit du dîner de cons. Il faut dire que Corine débite avec naïveté des âneries sur la culture africaine, devant son mari excédé, qui cherche constamment à lui clore le bec. Mathilde, la femme de Ruben, noie son désoeuvrerment dans l’alcool et s’efforce de protéger Louise, leur domestique noire. Elle la considère comme une amie, alors que son mari la traite brutalement, avec la morgue du colon.

Cependant Louise n’est pas une esclave soumise. Elle subit les caprices de son maître, mais lui tient tête, osant même, dans une discussion en lingala, faire allusion à son impuissance. Electrisé par sa sensualité, Daniel voudrait "être son blanc". Il l’assaille de messages, lui promet beaucoup d’argent. Elle repousse ses avances : "Pas intéressée !". C’est elle qui convainc Mathilde d’abriter puis d’engager Panthère, son amant, qu’elle fait passer pour son cousin. Rebaptisé Victor, ce Congolais énigmatique observe et filme les blancs. Epouse frustrée, Mathilde tente de résister à son attrait. En vain. Ce noir sexy et entreprenant lui redonne le goût du plaisir.

Le ministre Dyabanza n’a aucune envie de discuter caoutchouc avec Daniel. S’il est venu ce soir chez Ruben, c’est pour lui annoncer qu’il ne décrochera pas le chantier public convoité. Le gouvernement congolais l’a accordé aux Chinois. Malgré les blessures du colonialisme mal cicatrisées, Dyabanza faisait des affaires avec Ruben . Par pragmatisme. Au nom de cette même logique libérale, les communistes de Pékin l’emportent sur le vieil Occident. Pas de passif colonial ni de défense des "valeurs", mais des offres économiques plus avantageuses. Largué par ses alliés, trompé par sa femme, Ruben voit fondre son complexe de supériorité. Tout à coup Corine, outrée par le comportement de son mari, lance à Mathilde : "Vous vous êtes tapé le gardien ? D’accord. Daniel baise la bonne, vous baisez le gardien. Le gardien baise la bonne. C’est tout ? Je suis la seule à ne pas m’envoyer en l’air ?" Et elle s’offre à Ruben, interloqué. Une explosion vaudevillesque, qui rend risible la débâcle de l’homme blanc.

Persuadé qu’il ne fallait pas souligner le comique des dialogues cinglants, Frédéric Dussenne, le metteur en scène, a demandé à ses comédiens de "donner son poids au silence et à la présence du corps." Par leur jeu maîtrisé, ils nous entraînent dans des situations très drôles, qui reflètent certains désarrois. Ansou Dhiediou (Dyabanza) affiche l’aplomb de "l’homme qui s’est fait tout seul". Au fil de l’action, Priscilia Adade (Louise) et Jérémie Zagba (Panthère) manifestent une confiance en eux de plus en plus évidente. Face à ces Africains lucides, les couples occidentaux ne pèsent pas lourd. Désabusée, Valérie Bauchau (Mathilde) combat la violence de son mari par la bienveillance. Cependant c’est une femme à bout de patience. Corine est une gaffeuse, mais Stéphane Bissot rend sa candeur cocasse. Il est normal que Dyabanza préfère cette femme issue du peuple à son fantoche d’époux (Benoît Van Dorslaer). Sa méchanceté nous autorise à rire sans pitié de ce raté en affaires comme en amour. Par son arrogance, ses certitudes, son cynisme, ses tics, Philippe Jeusette incarne un Ruben qui se croit maître du jeu. La gifle qu’il encaisse est d’autant plus cuisante.

"Regarde l’homme blanc" (traduction de "Botala Mindele"). L’auteur fait preuve d’une lucidité implacable. L’emploi de la vidéo et le décor (un salon bourgeois de moins en moins intime) aiguisent cette vision. Tout l’art de Rémi De Vos est de nous poser des questions angoissantes, au milieu d’éclats de rire.

Jean Campion

Le Rideau